Blog suivi par 15 abonnés
Le blog de William Vautier
-
La civilisation du sous-titre
Si encore c’était celle du titre. Le titre saisit l’attention, annonce quelque chose qu’on ne connaît pas. On sait, devant un titre, qu’on est nu, qu’on ignore tout de lui, que c’est pour nous une chose nouvelle. Nous allons lire, et tâcher de comprendre le lien entre celle longue plage de papier qui est devant nous, et sa miniaturisation en grosses lettres. -
Sur le plaisir
On se définit par des règles. On aime volontiers à le faire. C’est ceci. C’est cela. « Je suis quelqu’un qui, etc ». Ces règles proviennent d’un discours. Ce discours est corrélé aux valeurs morales que nous trouvons bonnes. Nous nous couchons tranquillement avec. Notons qu’il y a bien souvent des différences, voire de larges différences, entre le discours et les actes -
Moins de temps d'écran pour diminuer la violence scolaire
La mort récente et tragique d’une auxiliaire de vie scolaire, poignardée par un collégien, a conduit le premier ministre à envisager l’installation de portiques de sécurité devant les collèges et lycées. Sans intelligence, ces mesures n'empêcheront aucune violence. -
Sur la rancune
Notons, parmi les désavantages de vieillir, celui de devenir plus rancuniers. Notre jugement se fortifie avec l’âge, et trouve des causes et des effets plus sûrs. Avec eux, des responsabilités plus certaines, de nouvelles raisons d’en vouloir à ceux auxquels on en veut. -
Médecine de Tibère
Tibère a dit, paraît-il, qu’à trente ans tout homme devait être son propre médecin. Je trouve étrange d’attribuer ce mot à cet empereur, sur sa fin si inquiet, si peu sage et si peu tempérant. Mais, si cela est, on lui doit l’une des plus belles paroles jamais dite sur la vie humaine. -
Des snobs
Auteurs, méfiez-vous : il y a dans le monde des gens terribles qui ont tout lu, tout vu, tout entendu. Ils savent tout. Les efforts que vous faites pour lier deux idées ensemble sont peccadilles à leurs yeux. Vous leur présentez un texte ; c’est à peine s’ils ont trente secondes à vous consacrer pour se pencher dessus. Au bout de vingt, ils vous le tendent, et crient bien fort : « c’est mauvais. » -
Sur le bien
Un ami auquel je posai la question l’autre jour me répondit ceci : " Il n’y a plus de religion, plus de lien spirituel. Les pathologies, psychoses et névroses remontent à la surface chez tout le monde, qui agit mal, et veut qu’on l’en excuse ; tout cela est la cause de notre ennui." -
La politesse chez Kafka
J’ignore si le lecteur sent d’une façon similaire à la mienne quand il referme un livre de Kafka. Quelle politesse, quelle prévenance extraordinaires ! Les personnages autour du héros se précipitent pour le secourir. On trouve difficilement plus de tact dans les romans qui présentent, pour les mettre en valeur, de belles manières, une exquise politesse. -
Considérations sur Dostoïevski
Je voudrais savoir pourquoi chez Dostoïevski certains personnages mettent tant de précautions oratoires à dire ce qu’ils pensent. On pourra en distinguer, pour le lecteur qui ne l’a pas ouvert depuis longtemps, trois ordres, qui ont cependant tous en commun d’émaner d’un personnage pauvre, souvent étudiant, devant un public bourgeois ou aristocrate.