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Billet de blog 14 mai 2025

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Les protestataires de la dernière heure

Chaque jour, les gazettes nous annoncent la litanie funeste de Gaza : 20 à 30 morts supplémentaires. Le gouvernement raciste dirigé par Netanyahu, qui cherche délibérément à éradiquer les Palestiniens, poursuit sans vergogne son œuvre mortelle, en bombardant sans cesse. En France, certains commencent à se dire que leur "autorité morale" sera désormais une escroquerie s’ils ne s’indignent pas.

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Empathie, que de crimes…

On apprend que Delphine Horvilleur, femme rabbin, a décidé (enfin) de protester contre les actions meurtrières d’Israël à Gaza (sur le site de la revue qu’elle dirige, Tenoua, consacré au judaïsme). Elle prétend que son silence de plusieurs mois serait dû au fait qu’elle se trouvait confrontée à des débatteurs qui ignoraient les massacres du 7-octobre ou considéraient qu’ils étaient justifiés visant un État non légitime. Or si Delphine Horvilleur a pu avoir de tels interlocuteurs, il y a tout lieu de croire qu’ils n’ont pas été la majorité. Avant de se taire, elle a tenu sur les plateaux de télévision des propos pour exprimer sans cesse sa déception de n’entendre aucune « empathie » envers les Juifs d’Israël et de la diaspora après l’horreur du 7-octobre. Or non seulement cette empathie a existé mais en retour on peut regretter qu’elle-même n’ait eu aucune compassion pour les Palestiniens sous les bombes d’Israël à Gaza, et qu’il lui faut attendre qu’il y ait 52 653 morts, avec des dizaines chaque jour, pour qu’elle estime devoir tout de même dire quelque chose.

Illustration 1
Chaque jour, des dizaines de morts à Gaza, et d'innombrables blessés graves.

Le 7-octobre est une attaque terroriste dans la mesure où elle a visé essentiellement des civils (hommes, femmes, enfants, vieillards), avec des viols attestés par l’ONU et une prise d’otages, même si les autorités israéliennes ont beaucoup menti sur cet événement tragique qu’étrangement elles n’ont pas su empêcher (sur les enfants décapités et brûlés dans des fours, sur le nombre de victimes, qui n’étaient pas toutes juives, ni toutes civiles puisque sur les 1200, 400 sont des policiers ou militaires ; CNews continue à faire allusion aux premières informations, démenties depuis, sur des crimes barbares et nie le nombre de morts à Gaza de 52 000, alors qu'il est en réalité vraisemblablement plus élevé qu'annoncé). Sur la mort des otages qui auraient été étranglés, on a toute raison de ne pas croire le gouvernement de Netanyahu, comme lorsqu’il justifie ses bombardements par la présence du Hamas sous une école ou un hôpital [il en a été de même pour les filles du Docteur Izzeldin Abuelaish tuées par un tir d’un char d’assaut dans leur maison, lors de l'opération Plomb durci en 2009, voir mon article Un médecin pour la paix, malgré tout, publié hier]. Il en est de même sur le non-respect des règles de guerre puisque Tsahal tire sans sommation sur les personnes porteuses d’un drapeau blanc, ainsi une brigade israélienne a tué trois otages le 15 décembre 2023, le scandale ayant été que ce soit des Israéliens tués et non pas d’éventuels adversaires qui se rendent.

Ce qui différencie le 7-octobre de la guerre à Gaza, est un aspect fondamental que les anti-Palestiniens se gardent bien d’évoquer : les massacres du 7-octobre se sont déroulés en un jour, quand nous l’avons appris ils avaient déjà eu lieu, on pouvait bien évidemment les condamner mais ce n’était plus nécessaire de les faire cesser. [Contrairement à ce qui a été beaucoup dit, tout ne vient pas du 7-octobre, des drames se sont déjà produits, y compris des massacres d’Israël à l’encontre des Palestiniens. En Cisjordanie, il y avait eu de nombreux meurtres de Palestiniens, au cours des mois qui ont précédé le 7-octobre]. Par contre, le pilonnage de Gaza, le déplacement sans cesse imposé de la population, le fait de l’affamer, de l’empêcher de se soigner, de projeter de virer les Palestiniens de la bande de Gaza que l’on cherche à détruire au maximum, ça c’est un crime contre l’humanité, un génocide certainement, que l’on pourrait faire cesser en protestant. Delphine Horvilleur donne le sentiment qu’elle redoute que son autorité morale soit définitivement entachée et tente de se rattraper un peu. J'ai lu son livre, publié avant qu'elle ne se taise, Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre : elle s'essaye à l'humour, se lamente beaucoup mais ne s'exprime nullement comme une autorité morale qui saurait prendre en compte toutes les souffrances.

L’illustrateur Joann Sfar, la félicitant pour sa prise de position, procède de la même façon : il a tout axé ses positions sur le 7-octobre, sans réelle compassion pour les Palestiniens laminés, instrumentalisant l’antisémitisme en France pour fermer les yeux sur d’autres violences. Aujourd’hui, il s’aperçoit qu’il n’aura plus aucune légitimité s’il continue à se taire, alors il proteste contre les destructions de villages palestiniens en Cisjordanie comme celui de Masafer Yatta, alors que cela ne date pas d’aujourd’hui et que cela ne semblait pas jusque-là le choquer. J’ai eu l’occasion de décrire son comportement sur un plateau de télé [voir Gros dérapage à "C ce soir"] : imbu de lui-même, heureux qu’on parle de ses œuvres, beaucoup moins disposé à ce que l’on évoque les crimes d’Israël.  

Dans la foulée, 45 historiens, philosophes, sociologues et membres de l'Académie française, de confession juive ou pas, se sont dits « révoltés par le sort fait aux Palestiniens, inquiets pour l'âme d'Israël ». Il était temps. Alain Finkielkraut a livré dans Le Monde les raisons de cette tergiversation avec des arguments alambiqués, qui sont une succession de prétextes pour botter en touche et tenter d'excuser un silence coupable (quiconque disait au minimum ce qu'il dise était taxé par certains d'entre-eux d'antisémite). 

[9 mai]

Illustration 2

. No Other Land, ce film documentaire [qui a reçu l’Oscar à Los Angelès du meilleur documentaire le 2 mars dernier] décrit l’action de l’armée israélienne pour déloger les habitants de Masafer Yatta, au sud d’Hébron. J’ai vu ce film en avant-première au Festival Indépendance(s) & Création de Ciné 32, à Auch, en octobre 2024 et l’ai présenté sur ce blog à sa sortie en salle en novembre. Depuis, non seulement un des protagonistes et réalisateurs du film a été lynché par un groupe de colons israéliens le 24 mars mais encore la maison de Monther Al Omour, que l’on voit tout au long du récit, a été rasée en 30 minutes sous les rires des soldats de Tsahal, qui avaient veillé à chasser non seulement les habitants mais aussi les journalistes.

No Other Land, violence et humiliation quotidienne.

Illustration 3
Destruction de la maison de Monther Al Omur le 24 mars;

Appel lancé contre la destruction menée par Israël à Gaza

Dans une tribune sur Mediapart, le 4 mai, Sophie Bessis, Dominique Eddé, Annie Ernaux et Christiane Taubira appellent la France et l’Europe à « dire non à la politique de la destruction » menée par Israël. En accès libre, lien ici

Illustration 4

Tribune de journalistes

Le 13 avril, de nombreux journalistes français ont publié une tribune rappelant que près de deux cents journalistes palestiniens ont été tués à Gaza en 18 mois, alors même que nombreux d’entre eux portaient un casque et un gilet pare-balles floqué du sigle "Press". Ce collectif « dénonce cette hécatombe et le black-out médiatique qu’Israël organise ». Les signatures absentes au bas de cette tribune : CNews, Europe 1, le JDD, Valeurs actuelles, Causeur, c’est-à-dire l’extrême droite médiatique qui instrumentalise l’antisémitisme non pour le combattre réellement mais pour assouvir son idéologie raciste. Marianne, bien souvent sur la même ligne, n’a pas non plus approuvé ce texte. Ce collectif a organisé deux rassemblements, à l’Opéra Bastille et à Marseille, le 16 avril.

Chercheurs et anciens ambassadeurs

Le 11 avril, une tribune est parue dans Le Monde, signée d’un collectif de chercheurs et d’anciens ambassadeurs, dénonçant l’idéologie suprémaciste de l’État hébreu et son intention de « relocaliser » plusieurs millions de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

Fatima Hassouna

Illustration 5

Israël ne cesse de bombarder Gaza, les crimes de guerre succèdent aux crimes contre l’humanité. C’est déjà terrible mais il y a pire : l’accusation de génocide est fondée, Netanyahou et ses acolytes ne cachant pas leur volonté de laminer le territoire palestinien devenu une « fosse commune » (selon MSF), d'affamer et de détruire cette population quitte à toujours prétendre que le but de ces massacres est de viser des dirigeants du Hamas même si régulièrement ces prétextes sont démentis.

La 157ème journaliste palestinienne a été tuée ce 16 avril : Israël interdit toute entrée de journalistes étrangers dans l’enclave et s’ingénie à exécuter systématiquement les journalistes palestiniens. Et les humanitaires de l'ONU. Fatima Hassouna, 25 ans, était le personnage central d'un documentaire de Sepideh Farsi qui doit être présenté au Festival de Cannes : l'information avait été donnée la veille de sa mort. Dix de ses proches ont péri dans la frappe israélienne.

L’Humanité : Guerre à Gaza : la photojournaliste Fatima Hassouna assassinée dans le bombardement de sa maison par Israël en accès libre.

[16 avril]

« Génocide par Israël » : une députée convoquée par la police

Deux juristes, Julian Fernandez et Olivier de Frouville, agrégés de droit public et professeurs à l’université Paris-Panthéon-Assas, qui enseignent tous deux le droit international pénal, ont publié dans Le Monde du 12 avril une tribune dans laquelle ils considèrent que les mots utilisés par les dirigeants israéliens caractérisent une intention génocidaire à Gaza. Pour ce faire, ils s’appuient, entre autres, sur les propos du ministre de la défense, Israël Katz, s’adressant à l’ensemble des Palestiniens de Gaza, leur disant : « si vous gardez les otages (…) vous êtes morts ». Si vous ne relâchez pas les otages maintenant, « il y aura un enfer à payer plus tard ». Le titre de la tribune : L’intention génocidaire d’Israël à Gaza est transparente.

Quelques jours plus tard [hier, 17 avril], Rima Hassan était auditionnée durant 11 heures 30. Elle écrit dans un tweet : « Durant cette audition, un des enquêteurs m’a reproché l’utilisation des termes "apartheid" et "génocide" pour évoquer la situation israélo-palestinienne en indiquant « vous êtes juriste vous savez qu’Israël n’a pas été condamné pour ces motifs » et en poursuivant « que ces propos peuvent entraîner des discours haineux contre Israël et la communauté juive » ». En tant que députée européenne, elle pouvait ne pas se rendre à la convocation mais elle n’a pas fait jouer son immunité, tenant à s’expliquer. Dans d’autres tweets, elle démonte de façon pertinente l’erreur grave consistant à assimiler Israël aux Juifs en général (les essentialisant) alors même que des Juifs mènent le combat pour la défense des Palestiniens, dénonçant les crimes commis à leur encontre par Israël. L’enquêteur lui a même reproché d’utiliser le terme "apartheid" car selon lui « c’est un régime, pas un crime ».

Moralité de ce post : que vous soyez une femme d’origine palestinienne, née dans un camp de réfugiés palestiniens, militante à LFI, et quand bien même députée, vous serez inquiétée par la police et la justice (alors même que vous êtes par ailleurs, c’est le cas de Rima Hassan, traînée sans cesse dans la boue par les chroniqueurs de CNews et de la galaxie Bolloré), mais si vous êtes deux juristes publiant dans Le Monde, pas d’inquiétude. D’autres, dans la même page du Monde s’expriment et, s’ils hésitent à utiliser le mot de génocide, font une description de ce que fait Israël qui n’a plus rien à voir avec des actes de guerre : « idéologie suprémaciste » qui « ne respecte plus aucune règle internationale ni aucun principe moral religieux ou humain pour imposer une solution radicale à la "question palestinienne" » et qui « menace la vie de millions de personnes innocentes en Palestine ».

Hier soir [17 avril], dans l’émission C ce soir sur France 5, Alexandra Schwartzbrod, de Libération, disait que la situation humanitaire à Gaza était telle, à ce point tragique, que les autoroutes d’Israël devraient être couvertes de manifestants, et aussi à Londres, à Paris…

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. Alexandra Schwartzbrod disait aussi à propos de Fatima Hassouna [voir chronique plus haut] : « Si cette femme qui a été tuée dans une frappe avec sa famille n'avait pas été connue, peut-être que l'armée israélienne aurait dit avoir tué des terroristes du Hamas. C'est comme ça que les cibles civiles sont présentées ».

NB : je ne suis pas un inconditionnel de Rima Hassan. La première fois où elle est apparue sur un plateau de télé c'était justement dans l'émission C ce soir, tenant des propos très justes sur Israël et la Palestine. Plusieurs fois, j'ai vu des extraits d'interviews où des journalistes français se comportaient de façon odieuse avec elle (RMC, BFM, France Info). Mais j'ai eu l'occasion d'écrire que son positionnement face à Bachar al Assad était contestable, même si je ne connais pas toutes les raisons qui l'ont amenée, compte tenu de son histoire personnelle, à manifester une telle tolérance.

Je note que quand le grand rabbin Haïm Korsia déclare en août dernier que « tout le monde serait bien content qu’Israël finisse le boulot », qualifiant les « massacres à Gaza » de simple « fait de guerre », la plainte pour apologie de crimes de guerre déposée contre lui a été classée sans suite. Tandis que des soutiens aux Palestiniens, dénonçant les crimes commis à leur encontre, ont fait l’objet d’enquêtes et de poursuites judiciaires, en France, pour apologie du terrorisme ! Toujours le deux poids deux mesures.

[18 avril]

Illustration 6
Des Palestiniens manifestent pour demander la fin de la guerre, en scandant des slogans anti-Hamas, à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025 [Ph. AFP]

Soutien aux Palestiniens ou au Hamas ?

Dimanche dernier, 23 mars, le ministère de la santé de Gaza annonçait que le nombre de morts suite aux bombardements israéliens avait dépassé les 50 000. Mardi, à Beit Lahya, des Gazaouis manifestaient pour protester contre le Hamas. Comme il fallait s’y attendre, les suprémacistes, racistes, qui siègent au gouvernement de Netanyahou et qui visent à supprimer de leurs terres les Palestiniens se sont empressés de les inviter à suivre cet exemple.

Seuls des esprits binaires, c’est-à-dire rétrécis, style Pascal Praud, Meyer Habib, les deux Dupondt des Grandes Gueules (Marschall et Truchot), Bardella et tant d’autres, ne peuvent comprendre que des habitants de l’enclave, compte tenu de ce que l’État d’Israël leur fait subir (bien avant le 7-octobre), puissent apporter leur soutien à un mouvement qui prétend les défendre, quitte à ce qu’il soit religieux intégriste et terroriste (comme si une frange d’Israël n’était pas elle-même religieuse intégriste et terroriste et ce dès la création de l’État, qu’on se souvienne, entre autres, de Deir Yassine).

Les propagandistes justifiant les crimes commis par l’armée israélienne à Gaza et en Cisjordanie (en partenariat avec les colons illégaux) se plaisent à accuser des militants et militantes français pro-Palestine de prendre la défense du Hamas, ce qui leur permet d’avoir bonne conscience face à ce que la Cour Pénale Internationale (CPI) a qualifié de crimes contre l’humanité et la Cour internationale de Justice Internationale (CIJ) de risque plausible de génocide (depuis plus d’un an ce qui n’a pas empêché Israël de poursuivre son œuvre de destruction).

Depuis de nombreuses années au cours desquelles j’ai été amené à suivre des manifestations, rassemblements et conférences organisés par Solidarité-France-Palestine et/ou le Collectif (gersois) pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (avec, par exemple, Ofra Yeshua Lyth, André Rosevègue ou Jean-Pierre Filiu) en soutien aux Palestiniens, j'en ai régulièrement rendu compte, peut-être une quarantaine de fois. Je n’ai strictement jamais entendu de discours valorisant le Hamas : il a été plusieurs fois évoqué le fait que le massacre des civils en Israël le 7 octobre et la prise d’otages relevaient d’actes de terreur. Je ne retrouve qu’une fois (15 mai 2021) où un intervenant a précisé que le Hamas ne commettait pas d’actes terroristes en dehors d’Israël.

Le 29 octobre 2023, le Collectif Gers Antifa a organisé à Auch une réunion publique où une responsable nationale du NPA a annoncé clairement la condamnation par son organisation des attaques du Hamas du 7-octobre : « violence aveugle contre des centaines de civils », « actes monstrueux », « idéologie d’obscurantisme et d’intégrisme religieux » mais elle considérait qu’il s’est agi d’une réplique (d’un miroir) de ce qu’est le gouvernement d’Israël, d’extrême droite, religieux, qui n’hésite pas à parler d’"animaux" pour désigner les Palestiniens.

Les très nombreux films que j’ai commentés : aucun ne rend hommage au Hamas (dont Yallah Gaza, Alam, Le piège de Huda, From Ground Zero, Little Palestine, No Other Land…). Il s’agit toujours de soutenir le peuple palestinien méprisé, opprimé, souffrant, martyrisé, dont les droits ont été sans cesse bafoués, sans jamais prétendre que seul le Hamas serait en droit de le représenter. Et sans jamais nier à Israël son droit à l’existence. C’est une journaliste juive, israélienne (Ofra Yeshua Lyth), qui à Auch, le 13 février 2019, a défendu l’idée d’un « État unique laïc et démocratique » (1).

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(1) on peut lire ou relire :

. Religion d'Etat et discriminations (rencontre avec Ofra Yeshua Lyth).

Palestine : comment en est-on arrivé là ? (rencontre avec André Rosevègue).

Jean-Pierre Filiu : la solution à deux États en Palestine/Israël (rencontre avec Jean-Pierre Filiu).

[30 mars]

Illustration 7
Auch, le 23 mai 2024 : 'inauguration' de la Place de la Paix [Photo YF]

Refus de l’instrumentalisation de l’antisémitisme

Ces derniers temps, j’ai publié plusieurs chroniques sur l’instrumentalisation de l’antisémitisme. Il va de soi qu’assister à la perversion de la droite extrême et des médias qui assurent sa diffusion (CNews, Europe 1, Valeurs actuelles, Journal Du Dimanche), toujours prêts à accuser la gauche de l’infamie de l’antisémitisme, est effrayant tant l’hôpital se fout de la charité, sachant que ces accusations fantaisistes alimentent hypocritement l’antisémitisme. Dans cette tentative de renversement moral et culturel, des Juifs se complaisent à y participer, parfois activement, alors même que la plupart de ceux-là ont approuvé Zemmour, raciste et colportant des propos minimisant les crimes subis par les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Récemment, dans une tribune parue dans Le Monde, des Juifs (dont Cohn-Bendit et Eva Illouz) se disant « tous issus de la large famille de gauche » ont exprimé un ressentiment à l’égard d’une partie de la gauche qui fait silence face à l’antisémitisme. Tout en reconnaissant (ce qu’ils ne disaient pas) que les assassinats d’enfants juifs de l’école Ozar Hatorah à Toulouse en 2012 et ceux de l’Hyper Casher de la porte de Vincennes en janvier 2015 n’ont pas provoqué en France les manifestations massives qui auraient été justifiées, j’ai dans une chronique parue le 7 mars sur mon blog de Mediapart critiqué leur tribune (voir lien ci-dessous). Je dénonçais entre autres leur mise en cause de Rony Brauman qui est pourtant l’honneur de la "communauté juive".

En réaction à cette tribune, un collectif de Juifs français m’a proposé de signer un projet de tribune, ce que j’ai fait. Le texte est paru dans Le Monde daté des 9 et 10 mars et sur Mediapart le 11 mars.

. Gaza Point Zéro, 7 mars, YF.

. Français juives et juifs, nous appelons à mener le combat contre l’antisémitisme en refusant son instrumentalisation

[9 mars]

. Je m’aperçois que je n’ai jamais publié la chronique suivante : bien que datant de janvier, je la reproduis ici, pour mémoire.

Gaza rasée

LCI a diffusé hier soir un reportage de 16 minutes dans Gaza après le cessez-le-feu, réalisé par Gwendoline Debono et Camille Souhaut, avec des images prises par des cameramen palestiniens (puisque la violence d'Israël consiste aussi à interdire l'accès de Gaza, depuis les 15 mois de guerre, aux journalistes, pour que les crimes que l'Etat hébreu commet ne puissent être documentés). En quelques minutes, on mesure non seulement l'ampleur des destructions mais l'état d'esprit des Gazaouis, laminés par cette guerre qui s'est déroulée sans que la communauté internationale n'empêche rien.

Aujourd'hui, Israël s'en prend à la Cisjordanie : plus de 700 Palestiniens tués depuis le 7 octobre 2023. Tsahal s'attaque au camp de Jénine comme elle a bombardé inlassablement le camp de Jabaliya à Gaza. A se demander si Trump n'a pas obtenu de Netanyahou le cessez-le-feu en échange d'un feu vert à occuper la Cisjordanie (sachant que Trump a supprimé les sanctions américaines envers 4 colons extrémistes et ayant toujours approuvé le non-respect des résolutions sur les territoires occupés). La violation du droit international par Israël est permanente (avec même récemment l'invasion de la partie ouest de la Syrie depuis la chute de Bachar Al-Assad), toujours avec la même impunité.

Certains qui confondent simplistement CNews et LCI devraient cependant constater une différence : un tel reportage est impensable sur la chaîne raciste, anti-arabe, anti-musulmane du milliardaire Bolloré, qui ne cesse d'instrumentaliser l'antisémitisme. Elle n'est cependant pas la seule : cf. l'interview complaisante de Joann Sfar par Frédéric Haziza sur Radio J : l'illustrateur et romancier décrète que « LFI est le premier parti antisémite de France » et que Jean-Luc Mélenchon est pire que Jean-Marie Le Pen ! Quand le délire atteint un tel niveau, on a tout lieu d'être inquiet quant aux dérives du débat démocratique.

Je donne le lien avec le blog de mon ami Guillaume Ancel ancien officier de l'armée française, qui tient une parole indispensable sur les plateaux de télévision et qui a évalué à plus de 100 000 bombardements sur Gaza : le nombre de morts serait bien supérieur à celui reconnu par les autorités de santé de Gaza, il pourrait être de plus de 100 000 morts et 350 000 blessés, soit un demi-million de morts et blessés, en réponse à « l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël (1400 morts et disparus) ».     

. Guillaume Ancel : Gaza, ce bilan qui donne le vertige.

[26 janvier]

Illustration 8
Expo Escher à EDF Bazacle, Toulouse [Ph. YF]

. Chroniques parues sur ma page Facebook aux dates indiquées entre crochets.

Billet n° 862

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).

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