L’architecture ne se résume pas à des plans ou des normes. C’est un acte de désir, de corps à corps avec la matière, une jouissance charnelle que seuls les architectes vrais connaissent. Ceux qui n’ont jamais ressenti cette pulsion face à un mur ne peuvent prétendre construire. Je baise mes bâtiments, et je l’assume.
Depuis Tunis, un
regard inverse sur les Lumières : alors que l’Occident accuse les peuples du Sud de trahir ses valeurs, c’est lui-même qui a marchandisé liberté, égalité et fraternité. Ce texte interpelle, rappelle que la flamme des Lumières brûle encore loin des palais, dans les luttes modestes et les résistances silencieuses.
Architecte tunisien, je témoigne ici d’une rupture intime et professionnelle. Car ce que nous vivons n’est pas seulement une crise de l’urbanisme ou des institutions : c’est une crise morale profonde. J’écris ce texte comme on écrit une lettre d’adieu à une profession que j’ai aimée, mais qui semble avoir trahi sa propre dignité.
Face à l’effondrement culturel orchestré par ceux-là mêmes censés bâtir, un veilleur refuse de se taire. Ce texte est un cri, un spleen lucide et révolté, contre la trahison des architectes, la consommation de l’art, et l’absence de choix pour les générations futures. Un rêve de dignité y survit, tena
> L’architecture vraie est un acte d’amour, de nudité face au vide. Ce texte dénonce ceux qui, soumis aux lois du marché, ont troqué le désir de créer contre la rentabilité. Entre le créateur-amant et le bâtisseur-prostitué, une fracture : l’un s’abandonne à l’œuvre, l’autre vend ses gestes. Et l’architecture, elle, se meurt en silence.
La Tunisie fabrique son Bronx : un territoire laissé à l’abandon où la jeunesse casse parce qu’on l’a cassée d’abord. Au lieu d’assumer leurs responsabilités, décideurs et architectes fuient, préférant punir par le service militaire et stigmatiser les migrants subsahariens. Ce chaos urbain est une honte politique et culturelle, fruit d’une complicité mortifère.
Une critique sans concession du conservatisme qui gangrène la Tunisie, de la démission civique du peuple, et de la médiocrité structurelle illustrée par la crise de l’Ordre des Architectes. Un appel à résister, penser, et construire autrement face aux fossoyeurs de l’esprit.