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Guillaume Du Bartas, Robert Garnier : ces noms ne vous disent sinon rien, du moins pas grand-chose. Ces deux météores de la poésie humaniste, l’un dans l’épopée chrétienne, l’autre dans la tragédie, ont fulguré sans trop se soucier de leur gloire, alors qu’ils ont laissé tous deux un vrai régal de langue baroque, du genre qui effarouche les académies.
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L’intention était généreuse : 27 associations de Seine-Maritime ont demandé aux organisateurs de l’édition 2019 de l’Armada de la liberté, à Rouen, d’accueillir un ancien navire humanitaire célèbre, l’«Aquarius». La réponse fut mesquine : il n’y a plus de place à quai. En fait, si, mais il eût fallu démonter un des derniers délires pharaoniques du président de la Métropole.
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Robert Enrico, "La Révolution française, les années lumière", 1989, extrait. © yann sinclair
La macronie acculée et ses mercenaires empruntent à Orwell et à Kafka pour terroriser les révoltés. S’il n’y a pas d’issue dans les fictions imaginées par ces deux auteurs, il en est une dans la réalité, fondatrice pour notre République, célébrée chaque année sans que l’oligarchie actuelle mesure bien ce qu’elle fut et ce qu’elle représenta : la prise de la Bastille, un certain 14 juillet 1789.
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Le président s’est heurté à «la passion française pour l’égalité». Les mots sont de Frédéric Says, journaliste et chroniqueur à France Culture, qui reprend à son compte, sans les guillemets de précaution, une expression de la phraséologie néolibérale. Nous mesurons par sa banalisation en quoi le pivot de la devise républicaine, au cœur des revendications des «gilets jaunes», gêne la caste.
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Observons-nous une revanche des provinces sur Paris à la faveur de la descente des «gilets jaunes» vers la capitale, contrepoint massif de la montée des Rastignac ? La question mérite d’être posée, tant un certain Paris, en plein naufrage éditorial, semble démuni pour penser non pas un épiphénomène, mais une lame de fond, qui vient de fort loin.
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Il fut beaucoup question, ces derniers jours, de la Grande jacquerie (1358). Rappel en forme de ballade pour que l’étendard des invisibles enfin visibles en leur détresse ne soit pas la Montjoie des dupes.
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Jeudi 18 octobre, à Rouen, une centaine de membres du collectif La Garenne, qui se bat pour trouver des solutions de logement pour les migrants, a occupé un ancien couvent vendu à un opérateur immobilier et menacé de destruction. Il en a été expulsé peu après par la police. L’événement n’a pas eu lieu n’importe où et le symbole marque d’un nouveau sceau d’infamie la politique gouvernementale.
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La faune aviaire sauvage est en déclin partout, la faute à l’agro-industrie, à la chasse, mais aussi au chat domestique, fétiche de nos intérieurs insinué dans tous les biotopes. Nous en sommes arrivés au point où, pour sauver les oiseaux, il faut demander aux chasseurs d’abattre les chats par millions. Folie de la zoo-ingénierie en miroir d’une autre folie : la géo-ingénierie.
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Faisant fi de deux études récentes sur l’effondrement des populations d’oiseaux en zone agricole, le ministère de la transition écologique et de la solidarité augmente les quotas annuels de piégeage, entérinant de surcroît, sous couvert de tradition, des pratiques cruelles condamnées par l’UE. Ce ne sont plus des couleuvres qui sortent de la bouche de Nicolas Hulot, mais de la paille.
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Vous attendiez le nouveau Luther ? Vous avez Lex Luthor. Dans une démocratie aboutie, on ne confie pas l’animation de la vie publique à des convulsionnaires qui, l’œil allumé, en se foutant des programmes, se disent en « mission ». Tous les symboles proactifs de la mystique macronienne se retournent.