Effroi en métropole, le RN menace, la haine éclate. L’état de droit vacille, l’esprit de la République s’étiole. Depuis longtemps, la France éprouvée gouverne Mayotte, ancienne possession coloniale déguisée en département, en méconnaissant l’état de droit et les principes républicains. Mépris des lois, brutalisation des pauvres, relais de milices populaires. Le colonialisme est-il un fascisme ?
Le ministre de l’Intérieur a promis aux élus de Mayotte l’abolition du droit du sol pour les enfants nés de parents étrangers. La fuite en avant dans les exceptions mahoraises éloigne un peu plus le département des valeurs républicaines : mais à défaut de réduire les migrations, il est certain que la mesure frappera plus durement encore les enfants et les adolescents déjà sérieusement maltraités.
Mayotte serait-elle devenue la mauvaise conscience de la France ? L’État y ritualise des Wuambushu annuels sous le label de « Place nette ». Le principe est le même : nettoyer Mayotte des étrangers, des délinquants et des mal-logés. Tour à tour, autorités, élus, habitants privilégiés se relaient pour déplacer ceux qui ne comptent pas, auxquels n'est accordée aucune place dans un monde inhabitable.
L’épilogue du campement de Cavani stade où s’étaient regroupés des migrants venus du continent africain marque le retour de l’État à la brutalité à laquelle il veut accoutumer les citoyens dans sa gestion des populations pauvres et indésirables. Déloger et mettre à la rue hommes, femmes et enfants. Sans retenue. Pourra-t-on s’habituer à l’inhumanité ?
L'île de Mayotte est livrée aux factieux. Ceux-ci séquestrent une population de 400 personnes, réfugiés ou demandeurs d'asile sous la protection de l’État, sans que celui-ci n'y trouve rien à redire. Du vendredi 15 mars, à 18 heures, au dimanche 17 mars 13 heures, à la suite d'un drame touchant une femme enceinte, les ressortissants africains furent enfermés. Dans l'indifférence générale.
Alors que les forces vives exigent la fin d'un apartheid législatif néfaste et inique, le gouvernement l’accentue avec la fin du droit du sol à Mayotte. L’esquisse d’une politique progressiste est vite balayée contre la promesse de débarrasser les Mahorais des Africains honnis. Que penser d’un pays où la xénophobie réussit là où échouent les associations humanitaires ?
Le rejet des migrants venus d’Afrique et la crispation au sujet de leur campement dans l’enceinte d’un stade ont provoqué une crise quasi insurrectionnelle qui permet au pouvoir d’annoncer l’abandon du droit du sol pour Mayotte. Or les forces vives demandaient la fin d’un apartheid législatif. Pendant ce temps, les activistes libèrent leurs pulsions xénophobes et harcèlent les demandeurs d’asile.
Mayotte illustre bien les effets de l’édification des frontières. 1975 : en violation des conventions internationales, l’île est séparée de l’archipel des Comores. 1995 : la circulation entre les îles est entravée par l’instauration d’un visa d’entrée à Mayotte. 2023 : enhardis par l’opération « Wuambushu » les entrepreneurs de haine réactualisent un discours sur la « mahorité ».
Mayotte, le 101ème département français situé dans l'océan Indien, fait face à une situation alarmante. La communauté africaine vivant sur l'île est confrontée à une vague de xénophobie et de violences de la part des autochtones mahorais.
La vie sociale et économique étouffe sous les barrages des collectifs de citoyens revendiquant une autre politique pour Mayotte, la fin des droits spécifiques et l’alignement sur ceux appliqués sur l’ensemble du territoire national. Mais les barrages peuvent n’être qu’un alibi afin de faciliter la chasse aux Africains. Une demande de justice peut-elle dissimuler une barbarie ?