Le blog de Denys Laboutière

Artiste chanteuse engagée dont les nombreux concerts et disques, jusque dans les années 70, ont été plébiscités avant qu’elle ne s’exile volontairement loin du show biz, Catherine Ribeiro ne perdit jamais son temps à psalmodier chants et mots vains.

Parce qu'on ne peut pas seulement rendre hommage aux artistes musiciennes et parolières parvenues au moment sensible de tirer leur révérence (Anne Sylvestre, Françoise Hardy), célébrons aussi des personnalités qui, bien qu'invisibilisées par les médias traditionnels, continuent d'oeuvrer contre les racismes et les préjugés.

Idole yéyé puis artiste de variété internationalement reconnue, fausse frivole aux amours éperdues ourdies par une insatiable mélancolie, Françoise Hardy a mené, pendant 60 ans, une carrière éprise de popularité élégante puisque authentique. Que son décès, ce 11 juin, ne saurait, surtout aujourd’hui, amenuiser.

Déjà peu soutenue par le Ministère de la Culture, la maison d’édition « L’espace d’un instant » sous l’égide de la Maison d’Europe et d’Orient, se voit menacée de disparaître, faute de subsides. Etat des lieux et lancement d’alerte.

Dans son essai sous titré « Réflexions sur l’héritage » l’écrivain Lukas Bärfuss évoque et convoque ce que les notions de legs induisent aussi bien sur le plan individuel que collectif. « Le carton de mon père » est surtout un récit passionnant sur les origines et l’évolution des actes de transmission…

Une destinée qui n’avait rien de romanesque : très jeune acteur ayant interprété, au cinéma, les rôles de récits de Jules Renard ou d'Alphonse Daudet, fervent Résistant assassiné par la gestapo à l'âge de 24 ans, Robert Lynen renaît « Juste le temps de vivre » grâce à Yann Liotard.

Des années 1960 jusqu'aux années 2010, la poétique singulière et novatrice du poète dramatique britannique Edward Bond aura sidéré, heurté, enthousiasmé, bref, divisé publics et critiques. Nul ne pouvait être indifférent à ses fables renvoyant à la face du monde le violent souffle des braises et des cendres que celui-ci engendre. L'auteur de « Sauvés » est mort, ce 3 mars, à l'âge de 90 ans.

Dans un récit prenant soin de retrouver les traces de la vie d'ancêtres exilés sur l'Ile Maurice, à Port-Louis, à la fin du XIXè siècle, Nathacha Appanah redonne couleurs et formes à un passé occulté (y compris par elle-même) pour de bien troubles raisons. Une traversée des apparences pour laver les offenses d'un si long silence.

Avec son dixième roman, la titulaire du prix Renaudot 2023 entraîne son lectorat dans un coin de campagne perdu du Finistère. Mais veille à opérer allers et retours entre ici et ailleurs et surtout à Paris, ville devenue, selon ses anti-héros, l'ombre d'elle-même. C'est tour à tour palpitant, ennuyeux, parfois drôle et pas très méchant.

Dans un nouveau livre - richement illustré - l'écrivain et réalisateur Robert Bober fait semblant d'organiser un désordre de mémoires entrechoquées par diverses tragédies traversées, anciennes ou contemporaines. Mais hisse, plus haut que jamais, sa foi en la solidarité et en les vertus de l'amitié.