Parce qu'on a toujours préféré la démocratie corinthiane à la dictature du foot-business. Parce que Socrates restera à jamais l'icône absolue du foot de gauche. Parce que le capitaine de la seleçao
…
dans les années 1980 n'a jamais connu la victoire au mondial et que ça le rend encore plus magnifique. Parce que quand Socrates est venu jouer dans le championnat italien et qu'on lui a demandé ce que représentait l'Italie pour lui, il a répondu Gramsci. Parce qu'Antonio Gramsci a dit : « Le football est le royaume de la liberté humaine exercé au grand air ».
Pour toutes ces raisons, le Socrates Football Club est l'édition des journalistes et abonnés de Mediapart qui s'intéressent à la coupe du monde brésilienne. Même si Socrates et Gramsci auraient du mal à s'y retrouver dans le football d'aujourd'hui…
En fin de deuxième mi-temps, lors de l'emballant Allemagne-Algérie de lundi (2-1 après prolongations), Thomas Müller a frisé le ridicule, lors d'un coup-franc désarçonnant imaginé par la Mannschaft. Un effondrement un brin pathétique, mais à coup sûr faisant partie d'un stratagème machiabordélique, dans la lignée des bizarreries cultes sur coups de pied arrêtés déglingués qu'a pu produire le foot dans son histoire…
En foot, seul le résultat compte, hélas. Et le fantastique match des petits Fennecs algériens hier n’enlève rien à ce constat implacable : l’Algérie est éliminée du Mondial, qu’elle a entamé sans jouer face aux Belges, pour finir en faisant douter le favori allemand (bon, favori en second, juste derrière le Brésil), pendant 120 minutes.
L'histoire est trop belle. L'Allemagne qui élimine l'Algérie, avec un but (de Schürrle) à la façon de Rabah Madjer, celui-là même qui emmenait les Fennecs en 1982, lorsqu'ils battirent la Mannschaft. Rendez-vous compte, la vengeance germanique sur "une Madjer", un geste inventé lors de la victoire du FC Porto en 1987, contre le Bayern Munich. Rhalala l'ironie du sort quand même… Sauf que c'est pas une "Madjer".
Les quatre premiers huitièmes de finale ont donné à voir, plaisir des yeux, six équipes latinos au sommet de leur art. Au-delà des buts de l'archange colombien James, de la force collective mais vaine des chiliens et des mexicains, du combat uruguayen ou des déboulés brésiliens, retour sur trois moments géniaux.
La défense tient, le milieu galope, l’attaque rayonne. La France présente-t-elle une équipe complète? Non, car il manque un grand gardien. Lloris est un bon gardien, un honnête gardien, « un bon joueur de club » (certes, j’ai longtemps dit ça de Valbuena). Mais désolé, ce n’est pas la classe internationale, contrairement à ce qu’on nous claironne dans tous les medias français.
Dès que les Fennecs se mettent à (re)briller dans le foot, comme ce dimanche avec leur carton contre la Corée (4-2), on (re)pense toujours à la grande Algérie de 1982 et 1986. Mais jamais à ceux qui étaient aussi beaux à voir jouer, mais qui n'ont rien gagné depuis. Soutiers classieux du championnat de France des années 1990 et 2000, nous ne les oublions pas.