Droits des étrangers

Après dix ans de vie et de travail en France, plusieurs refus de titre de séjour, huit mois d'une grève historique avec les autres, ayant échappé à l'expulsion malgré un passage par la rétention, au moment où il allait sans doute être régularisé, le corps de ce courageux jeune malien l'a lâché.

Fichage centralisé des étrangers indésirables, demandeurs d’asile malmenés, petits enfants enfermés, expulsions en jets privés, la France officielle jette par-dessus bord ces gêneurs qui comptaient sur elle pour vivre dignement et en sécurité.

Les rafales de déclarations sur le danger pour la République que présenteraient certains rejetons de parents étrangers auront au moins eu le mérite de rappeler qu’en septembre sera discuté au Parlement un projet de loi réglant le sort des étrangers en France. Avec une quatrième loi en sept ans sur ce thème, le système de punition généralisée des étrangers se rapproche de la perfection.

Après une grève coordonnée de plus de huit mois, couronnée par l’occupation de la Bastille en juin dernier et une sortie de grève encourageante, l’inertie administrative, la prétendue torpeur de l’été, de nouveau l’oubli de la presse auront-ils raison de l’espoir de vies enfin respectées ?

Petites manoeuvres d'été: les afghans qui campaient le long du canal Saint Martin n'y sont plus. Les campements non répertoriés par les offices de tourisme sont ou seront rasés.

Par un ironique effet boomerang, le lien des algériens avec la France, si ancien et si bien tricoté entre les générations, résiste à tous les efforts de cassure par l'ancienne métropole. Une source de souffrance pour des milliers de personnes de toutes conditions, qui ne comprennent pas que leur vie personnelle et familiale se trouve ainsi entravée.

Un Rrom, c'est un homme (ou une femme, bien sûr). Mais des familles installées sur la même commune depuis dix ans, cela fait tache. Alors, le préfet ordonne leur reconduite à la frontière, puis la destruction de leurs maisons. C'était le camp du Hanul, en Seine Saint Denis.

Les demandeurs d'asile ont fui leur pays devenu trop dangereux pour eux. Sans bagages, seuls ou avec leurs enfants, ils sont venus de loin demander aide et protection. La première protection, c'est un toit sur leur tête, un luxe que notre pays ne semble pas être en mesure de leur assurer.

Pendant les affaires de foot, de réforme des retraites, de connivences à tiroirs, les violences de la rétention des étrangers continuent. Les chasses à courre présidentielles vont être supprimées, nous dit-on.

Apparemment bien oublié, Maurice Clavel nous appelle encore et toujours à la résistance.