C’est vérifié, la vengeance glacée fait bien partie de la gastronomie politique chinoise. Les Mémoires posthumes de Zhao Ziyang, un temps chef du Parti communiste chinois, surgissant ces jours-ci du néant d’amnésie collective où le régime croyait avoir enfoui l’individu, font l’effet d’un chapitre enfin restitué de ce grand livre de recettes.C'est la recette de la pièce montée qui s’effondra dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avec la répression meurtrière du mouvement protestataire estudiantin (et citadin, vers la fin) de la place Tiananmen, réclamant une démocratisation du régime. Mais qui est ce Zhao, qui a le culot de témoigner sans y avoir été convié, quatre ans après sa mort ?
C’est un débat en cours depuis des lustres, que ranime ces jours-ci le duel inégal entre la junte de Birmanie et sa bête noire Aung San Suu Kyi: boycotter (en tout cas l’assistance au pays), ou, aucontraire, jouer l’entrisme ?
Il y a 20 ans, se produisait Tiananmen. Première des rébellions du monde communiste – populaires ou autres – qui mirent à bas l’Union soviétique et son pacte de Varsovie. Et répression impitoyable visant à remettre le peuple à sa place. De ce dernier point de vue, un succès.
Comment perçoit-on, de l’extérieur, ce qui se passe ces jours-ci à Bangkok, pour une fois que ce ne sont pas les mésaventures de touristes étrangers tués dans quelque catastrophe naturelle ou pris en otage dans un coup tordu politique qui font les manchettes ?
Par Francis Deron
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La récente condamnation à trois ans de prison, par un tribunal de Thaïlande (anciennement Siam), d’un ressortissant australien jugé coupable de crime de lèse-majesté pour avoir écrit et confidentiellement diffusé quelques propos désobligeants pour la famille régnante de ce pays, a interloqué un public étranger qui n’a plus l’habitude de telles mesures punitives d’Ancien Régime.
Il est, à Phnom Penh, un gardien de la mémoire du génocide du Cambodge sous les Khmers rouges. Youk Chhang, le directeur du Documentation Center of Cambodia, se veut plus désormais. Il vient de lancer un programme d'action pour trois ans visant à faire de son centre d'archives, communément connu sous l'abrégé DC-Cam, un point d'ancrage pour les milieux asiatiques qui veulent œuvrer à rendre impossible une répétition des crimes d'Etat à grande échelle du XXe siècle. Le Cambodge a perdu, par violences de masse et famine, un tiers de sa population à la main des Khmers rouges de 1975 à 1979.
Par Francis Deron
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Voici exactement trente ans (le 7 janvier), l'armée communiste vietnamienne prenait Phnom Penh, en chassait le régime communiste cambodgien de Pol Pot et mettait fin sans le savoir à l'une des plus épouvantables expérimentations récentes de l'homme en matière de totalitarisme et de barbarie.
En décembre 2008, le capitalisme communiste chinois fête son trentième anniversaire ! Champagne ? Les morts du maoïsme ne sont pas invités et, en France, leur souvenir est pilonné. Economie historienne. La République populaire de Chine (entendre par là : son gouvernement) est assise sur un magot en devises étrangères monumental – le mot est faible – de 1 906 000 000 000 de dollars (1,9 billion en français, ou presque deux mille milliards), en date du 1er octobre 2008. (Les Américains et autres anglophones utilisent le mot trillion pour désigner mille milliards, alors que les mathématiciens francophones utilisent ce même mot pour désigner un milliard de milliards – merci la francophonie).
Bangkok, 5 novembre (eh oui, où étiez vous… le 5 novembre, décalage horaire asiatique aidant !)Un métis au pouvoir. Le « rêve américain » est un rêve asiatique. Or so it seems.
Toujours, des courants d'opinion inattendus, demeurer à l'écoute.Le commentaire d'Edgard Pisani sur les perspectives citoyennes ouvertes (ou fermées) par les Jeux olympiques de Pékin 2008 pour le plus grand pays (peuple) du monde tenu à l'écart de l'aire de la Citoyenneté, ne peut qu'attirer la curiosité d'un observateur de la chose chinoise convaincu lui-même qu'il y avait là, en effet, matière à réflexion.