Non, Mmes Pécresse et Cavecchi, la ligne 17 ne va pas « changer la vie » de 565 000 Franciliens. C'est bien commode de défendre l'ensemble de la ligne 17, alors que la 17 Sud dessert des communes très peuplées (Saint-Denis, La Courneuve), tandis que la 17 Nord Le Bourget / Roissy traverse un territoire qui ne dépasse pas 6 habitants/ hectare... Où sont les populations soi-disant à « désenclaver »?
Agglutiner 50 communes comme autant de pièces de puzzle disparates posées sur un territoire, n’a aucune chance de constituer spontanément une image globale. Surtout au service du scénario unique d'un hypothétique développement du pôle de Roissy désormais bien menacé, censé booster un ensemble de 711 000 habitants.
Les décideurs ont géré le territoire comme s’il était inhabité, à disposition. On y a implanté Roissy, développé Le Bourget, bâti 10 000 logements sous les pistes, dans une irrépressible fièvre à «boucher les trous» non urbanisés, sacrifiant l'identité locale et le cadre de vie. Reste le Triangle de Gonesse, en partie préservé parce qu’interdit à l’habitat. C’est nier la rapacité des bétonneurs.
Nous poursuivons notre voyage avec Michel Audiard, démarré en février dernier. Après les Tontons flingueurs de terres agricoles, nous voilà partis en supermétro pour "un aller simple en Absurdie"... Besoins locaux oubliés contre Mégalopole valorisée, transports du quotidien au service des populations, contre grands projets de Paris-"Ville monde" inutiles aux habitants.
Sur l'ensemble d'une population jeune, seule une minorité est en emploi (26%) ou au chômage (14%). Utiliser le taux de chômage (35%) calculé sur une minorité n'a guère de signification. Plutôt que noircir la situation pour la dramatiser, mieux vaut réorienter les politiques de la jeunesse au plus près de leurs besoins spécifiques, bien en amont de l'emploi (orientation, formation, employabilité).
Implanter des activités d’envergure métropolitaine (grands projets, pôles d'affaires) et construire une gare inutile en plein champ sur le Triangle de Gonesse… au nom de l’emploi... serait d’après les élus du Val d'Oise le meilleur moyen de réduire la soi-disant « pauvreté » des populations résidentes du territoire. Info ou infox ?
Qu'il s'agisse de la Métropole du Grand Paris (MGP), du pôle de Roissy et de son bassin, ou encore d'un site comme le Triangle de Gonesse, tous ces territoires emboîtés souffrent du même mal : être la proie d'intérêts capitalistiques qui tentent de priver les populations résidentes de leur capacité à «s'autofinaliser », à décider elles-mêmes de leur propre destin. Sommaire des thèmes abordés.
Roissy, pôle «d’excellence métropolitaine», n’a pas éradiqué pauvreté et chômage dans l’Est-95, pourtant les élus s'entêtent à exiger de l’État d'autres grands projets inutiles. Plutôt qu'Est 95/Ouest 93, une fracture Nord/Sud sépare un pôle de cumul de richesses et une « Banane Bleue » déficitaire (100 000 emplois ; 200 000 actifs) qui réclame d’urgence une politique de "ménagement soutenable".
Il serait absurde d’urbaniser un territoire frappé par la réglementation aéroportuaire qui y interdit l’habitat. Sans cette fonction urbaine première, activités et transports n'ont aucune justification. De plus, tous ces grands projets métropolitains ne peuvent générer localement ni attractivité, ni réduction du chômage et de la pauvreté.
En 2007, le projet « Grand Paris » de Nicolas Sarkozy crée une rupture dans l’histoire urbaine d'Ile-de-France. Dans une course folle à la grandeur et l’excellence soutenue par la puissance publique, les GPII prolifèrent. Cette accumulation désordonnée prétend «faire système » et hisser la capitale au rang enviable de « ville-monde », au risque d'intolérables outrances et concurrences.