Assigné à résidence depuis le 23 avril 2008, je publie dans ce blog quelques billets décrivant ma vie en apesanteur, entre liberté surveillée et confinement forcé.
Extrait de l'émission : Les amis d'Orwell — Fréquence Paris Plurielle (en abrégé : FPP), 106,3 MHz.
Émission du 24 avril 2020,
Regards croisés sur l’assignation à résidence : celle imposée par la crise covid-19, et celle organisée par le régime antiterroriste, qui a rendu possible l’assignation à résidence perpétuelle de personnes ayant pourtant purgé leur peine.
Dans cette étrange période de confinement généralisé, Denis Robert interroge Kamel Daoudi, l'un des plus anciens assignés à résidence de France, victime d'un étrange acharnement qui revient sur un emballement kafkaïen.
J'ai longuement hésité avant de vous livrer mes quelques réflexions. Je ne suis pas plus légitime qu'un autre pour le faire. Pourtant ma sensibilité après 12 ans d'assignation à résidence m'oblige à partager avec vous ces quelques idées intimes.
Chaque jour qui passe nous nous habituons un peu plus au débordement de notre vie privée par ce monde parallèle que constitue notre identité numérique. Nos individualités convergent inexorablement vers des identités profilées par des algorithmes.
Depuis une douzaine d’années, je suis obligé de pointer plusieurs fois par jour à la gendarmerie ou au commissariat et de respecter chaque soir un couvre-feu. Il m'est aussi interdit de quitter les communes où je suis successivement contraint de déménager. Depuis ces trois dernières années, je suis séparé de plusieurs centaines de kilomètres de ma famille par les autorités françaises.