Le premier atteindra sa cible. Il est programmé pour. Le deuxième atteindra aussi sa cible Le premier est en guerre. Envoyé pour détruire. Le poème est aussi mobile. Ses cibles n’ont rien à craindre. Mais moins précieux qu’un gilet pare-balles ou un abri sous-terrain. Mais parfois plus vital qu'on ne croit. En tout cas, pour certains êtres. Une des rares lueurs dans leur nuit ?
Pieds nus mais dans mes petits souliers. « C’est vraiment dur d’écrire. Moi, j’en chie tout le temps. Ça vient jamais facilement. Chaque fois, je pense ne pas y arriver. Trouvant ce que j’écris très mauvais. J’en balance des phrases à la poubelle. ». J’étais stupéfié par sa sincérité. Et l’humilité de cet homme.Sans dégainer sa bio à rallonges. Ni donner de leçon d’écriture. Élégance humaine.
Chaque solitude est une tailleuse de secondes. Son travail au quotidien. Elle œuvre parmi d’autres sur le même matériau. Des hommes, des femmes, d’autres genres, des gosses, qui s'activent dans leur chantier. Ouvrage solitaire. Pour la création d'une œuvre unique. Et éphémère.Taillant les secondes du jour et de la nuit.Tous logés à la même enseigne du temps ?
Sortir de notre ère de rumeur. Le premier enclin à critiquer cette pratique. Pourtant, il m’arrive de la pratiquer de vive voix. Comme récemment. Balancer une rumeur peut-être complètement infondée. Sous le couvert de « ça reste entre nous » qui finit souvent par ricocher de bouche en oreille. Rumeur de proximité ou sur la toile. Comment éviter se retrouver dans la posture du rumoriste ?
Musique confinée.Un confinement en termes d'espace.C'est le deuxième concert de Bluz Driver dans un appartement exigu.De la «musique libre mais codifiée » explique le bassiste.Visiblement pas un spécialiste de la com. Ce qui change agréablement des mécaniques à communiquer. Un discours très rapide. Avant de passer à l'essentiel. Place à la musique en direct.
Naître libre c’est facile. On a rien rien à faire. Contrairement à vivre libre. Le cas de cet homme-pinceaux que j’ai découvert récemment. Un type libre à temps complet. On le sent à travers le cheminement de sa parole. Elle avance à son rythme. Un chemin ponctué sans doute d’égarements et hors sentier battu. Sans obéissance à une signalétique. Ses pinceaux incapables de marcher au pas ?
Tout remonte à un jeudi du siècle dernier. Pressant le pas pour aller renouveler ma dose de came. J’ai été accro très jeune. « Tu bois un coup avec nous. ». Un des anciens (la quarantaine) du quartier qui sort de son bureau principal pour m’inviter. Je rentre boire un verre.« Ce jeune mec-là, c’est pas un gogol comme moi. Il en a dans le chirau. ». Le prélude à une grosse baffe.
C’est le chanteur-musicien qui le dit. Et son corps. L’un et l’autre le savent. Deux vieux complices pas dupes. Le duo a encore du désir en stock. Envie de se refaire un tour de piste aux émotions. Avec des sons et des mots. Et du silence habité de poésie. Semer quelques étoiles filantes dans des oreilles consentantes.( texte d'Albert Marcœur ci-dessous)
La lucidité c’est du sel sur leur plaie ouverte. Ils le savent. La majorité d’entre eux évitent de saler. Jamais d’excès de lucidité. Sans doute pour ça qu’ils adoptent une posture de coqs maniant l’humour.Très souvent dans la course à la parole qui fera le plus rire. Pour ne pas s’effondrer en larmes ? Confinés dans une gangue d’orgueil et de pudeur ? Personne ne passera le sel.
Chercher l’introuvable. Quand il est trouvé, repartir sur ses traces. Dans une quête où la poésie ne perd jamais. Elle gagne à trouver, perdre, retrouver, perdre... La poésie toujours gagnante quand elle suit son chemin. Même si les poètes et poétesses finissent par perdre. Quel que soit leur talent. Le dernier combat sera perdu. La poétesse et le poète sont mortels. Pas la poésie.