Joie des corps plongés dans l’eau. La plage est noire de monde. Toutes les terrasses des cafés sont bondées. Sur la baie, le port de plaisance est embouteillé de bateaux. Des sourires sur tous les visages des commerçants et de leurs employés. Sauf un visage fermé. L'homme sait que son contrat s'arrêtera à la fin de la semaine. Pour délit de non port du sourire.
Nouvelle dégringolade de confiance en moi.Pas la première. À chaque fois, la même réaction. Ne plus accorder sa confiance comme un débutant. Cesser à 50 balais d’être aussi naïf. Stupide de croire encore en la parole donnée. Mes bonnes résolutions ne durent pas longtemps. Je redonne ma confiance. Pour ne pas désespérer de l'humanité. Rester enthousiasmé. Et continuer de projeter.
Assise dans un square. Elle ouvre un paquet. Étudiante entre deux cours ? En pause de bureau ? Le cadeau d’un proche ? Seule, elle le sait. Mais une certitude la concernant. Incontournable. Son histoire est unique sous le ciel du siècle. Comme celle de l'homme assis de l’autre côté de l’avenue. Et l'histoire unique de Face de terre. Plus toutes les autres. Histoires uniques et mondialisées.
Les temps sont plus qu’incertains.On nous le rabâche.Du radio-réveil au coucher.Nous aussi nous relayons la nouvelle des mauvaises nouvelles. C'est la réalité du siècle. Et une raison de plus de ne pas le lâcher. Avec aussi le droit d'être désespérés. Même en faire son miel sombre.Sans pour autant vouloir clouer l'espoir à la boue.Et empêcher les autres de déployer leurs ailes.
L’espoir est une idole carnassière. Dévorant nombre d’êtres qui croient en elle.Après les avoir baladés par le bout du nez et les promesses d’une vie meilleure.Les plus forts résisteront et ne sombreront pas. Tandis que d’autres glisseront sur la pente du désespoir. Et un désir de vengeance. Car après l’espoir, il y a la descente. Comme avec les drogues dures. Quand on retourne à sa réalité.
Céder sa place assise à un vieux songe. Il la laissera aussitôt à un enfant. Parce que le monde pèse plus lourd sur de frêles épaules. Avec tendance à vouloir écraser les rêves de gosse. Un poids plombé de notre connerie humaine. Contrairement à la légèreté du vieux songe. Usé mais vivant.Pour continuer de se rêver chaque matin. Et chanter au réveil. Même si c’est un chant noir.
Le printemps d’une petite fille de sept ans. Allongée avec son insomnie. Toute la maison est endormie. Sauf elle. Ses oreilles scannent le silence. Rien ne lui échappe. Du moindre souffle au pas sur le plancher. Elle entend tout. Mais ses sons préférés proviennent de l’extérieur. Comme celui qu’elle attend : la trace sonore d’un homme. Et de son printemps à elle.
Chaque siècle est un corps. Le nôtre. Du premier souffle au dernier. Notre corps où que nous soyons sur la planète. Huit milliards d’humains habitant sous la même peau. Un corps en ce moment tendu à l’extrême. Notre siècle vivant. Pour au moins encore soixante-quinze années. Seront-elles moins tendues que les vingt-cinq premières ? Une tension qui court sur toute la surface du globe.
Un mot présent partout. Dès notre réveil. Parfois se manifestant avant de nous endormir. Pendant notre sommeil, il continue de circuler. Une circulation permanente. De bouches en écrans. Sa présence est aussi inscrite sur le papier. Et pas qu'en France. Un mot ricochant sur la planète entière. Six lettres incontournables sur toute la surface du globe. Possible de leur échapper ?
Les chansons de Nina Simone dans un centre culturel. Des musiciens se connaissant à peine ou pas. Malgré le peu de répétitions,une grande réussite.Un travail en commun sans se soucier de l’identité de l’autre.Que la musique comme passeport.Parfois,on se met à rêver: huit milliards de musiciens.Dans une formation en orbite.Pour une meilleure musique de notre espèce. Avant le big band de fin ?