Paradoxalement, les réponses de l'exécutif à la mobilisation sociale des gilets jaunes pourraient bien dévoiler une brèche dans le discours austéritaire. En effet, en 13 minutes de discours, Emmanuel Macron a dévoilé des marges de manœuvre de plusieurs milliards d'euros et il se dit que l'ensemble des mesures annoncées représenteraient 0,3 point de PIB.
Le passage en deuxième, voire troisième sujet des journaux télévisés du mouvement des gilets jaunes ne doit leurrer personne. Il ne faudrait pas confondre le retour à « l'ordre » chèrement payé à coup de lacrymogène avec la fin de la crise sociale dont ce mouvement est depuis des semaines la tangible et vigoureuse expression.
Voilà donc l'équation à laquelle Emmanuel Macron s'est confronté en son palais tout ce dernier week-end, acte 4 de la mobilisation des gilets jaunes. Le changement de méthode avait commencé par la mise en œuvre d'une nouvelle doctrine sécuritaire du maintien de l'ordre pour ce samedi 8 décembre.
C'est peu dire qu'Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité n'ont rien vu venir et n'ont toujours pas compris la profondeur de la crise sociale qui n'est pas née avec les gilets jaunes, mais dont ces derniers sont une expression.
Le ras le bol fiscal est une des données fortes du mouvement dit des Gilets jaunes. Il se combine en un cocktail explosif avec toutes les colères sur le pouvoir d'achat, l'insécurité sociale, la précarité, les bas salaires, l'enclavement des populations rurales contraintes à rouler en voiture, la déliquescence des services publics, le coût de la vie, la peur du déclassement ou l'écologie punitive.
C'est une semaine sociale difficile qui s'ouvre pour Emmanuel Macron dont l'itinérance mémorielle d'avant 11 novembre a tourné à l'engueulade répétée chaque fois qu'il s'avançait pour serrer la pince des Français.
C'est au détour d'un amendement parlementaire au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, discrètement adopté le 24 octobre qu'Emmanuel Macron et son gouvernement ambitionnent de faire les poches des salariés en soumettant les prestations proposées par les comités d'entreprise à cotisations sociales.
Élu avec la faible légitimité politique d'un premier tour qui a rassemblé péniblement 14 % du corps électoral sur son programme, Emmanuel Macron n'a de cesse de nous assurer que tout ce qu'il nous faut sacrifier nous reviendra grâce au ruissellement de la richesse retrouvée que bientôt nous partagerions.
Si la rencontre multilatérale sur la réforme des retraites avait levé quelques doutes sur les arbitrages du gouvernement, la prestation de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn ce dimanche au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI est encore plus explicite quant à la volonté de reculer une nouvelle fois l'âge de la retraite de 62 à 63 ans.