En s'invitant dans une séance du grand débat national exclusivement féminine, organisée par Marlène Schiappa -quelle audace !-, Emmanuel Macron a visiblement voulu occuper le terrain médiatique à quelques heures de la mise en œuvre de l'index sur les inégalités salariales femmes-hommes dans les plus grandes entreprises et quelques jours avant le 8 mars.
Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité sont en campagne. L'exercice du grand débat national a très vite tourné au numéro de bateleur. Macron écoute longuement, Philippe affronte les questions sur un plateau de télé, mais c'est pour mieux asséner leur prêchi-prêcha libéral et préparer les esprits à des lendemains qui déchantent.
S'il fallait juger du succès d'une mobilisation sociale au temps d'antenne sur les chaines d'information continue, alors on pourrait penser qu'il ne s'est rien passé le 5 février.
Tandis que les Français restent globalement sceptiques quant à l'issue du grand débat et continuent à soutenir le mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Macron vient de faire savoir qu'il envisageait de recourir à un référendum en même temps que les élections européennes.
«Nous sommes à la croisée des chemins : l'ancien monde est mort, le nouveau monde émerge et, pour toutes les nations, doit conduire à construire un nouveau capitalisme plus responsable et équitable », a prophétisé Bruno Le Maire au forum de Davos où il a plaidé pour « un système fiscal international plus juste ».
Avec un talent et un engagement qu'on ne peut lui contester, Emmanuel Macron s'est lancé la semaine dernière dans une opération de reconquête de son électorat et du tempo médiatique.
En être ou pas ? Participer ? Se fourvoyer ? Pour y dire quoi ? Pour changer quoi ? Assurément beaucoup de Français s'interrogeront aujourd'hui et ces prochains jours en lisant la missive présidentielle qui leur est adressée les invitant à participer au grand débat national.
En répondant aux revendications portées par le mouvement des Gilets jaunes avec des miettes, beaucoup d'enfumage tout en pointant les « hordes haineuses », Emmanuel Macron pensait sans doute éteindre l'incendie. Il semble qu'il se soit encore trompé.
Sur la forme, rien à redire... l'allocution des vœux d'Emmanuel Macron était cette fois bien filmée, l'éclairage impeccable. Sur le fond, ce gros quart d'heure d'allocution prononcée debout voulait sans doute effacer les 13 minutes compassées et pathétiques du précédent discours du 10 décembre.