Dimanche prochain la séquence politique des élections européennes sera derrière nous sans que les enjeux sociaux et environnementaux et les urgences qu'ils sous-tendent n'aient été traités.
Le ministre de l'Intérieur peut-il croire qu'il va s'en tirer avec une simple excuse sémantique du guêpier politique déclenché par ses propos au soir du 1er mai ? Peut-il exonérer l'exécutif du débat sur la réponse sécuritaire et violente qu'il apporte depuis des mois à un mouvement social ?
Les Français n'attendaient pas grand-chose du grand débat national qu'ils ont surtout perçu comme une vaste opération de communication, mais en revanche ils attendaient un changement de politique économique et sociale.
Pour l'effet « wahoo », la sidération, Macron va devoir revoir sa copie d'ici à la conférence de presse qu'il doit finalement tenir jeudi 25 avril pour faire l'après-vente de ses annonces quelque peu éventées depuis qu'il a renoncé à son allocution.
La censure par le Conseil constitutionnel de l'article 3 de la loi anticasseurs inspiré des interdictions de stade est évidemment une bonne nouvelle pour les acteurs du mouvement social mobilisés pour faire respecter le droit de manifester.
La réforme des retraites préparée dans les concertations avec le Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye fait périodiquement les gros titres de la presse parce que le gouvernement lance des ballons d'essai qui sont chaque fois autant d'occasions pour l'exécutif de communiquer et préparer le terrain idéologique à des reculs fondamentaux.
Si en soi le grand débat était une promesse, alors Emmanuel Macron n'a plus le droit de décevoir. Mais à la différence de sa campagne électorale présidentielle et à en juger par les presque deux années de son règne jupitérien, Macron ne fait plus recette. Les Français sont sceptiques.
Il s'est véritablement passé quelque chose les 15 et 16 mars avec les marches du Siècle et la grève des jeunes pour le climat. Quelque chose dont apparemment le gouvernement ne semble pas une fois encore avoir pris la mesure.
Dans sa lettre aux Européens, Emmanuel Macron se pose comme le rempart à l'extrême-droite et en protecteur des libertés et de la démocratie. Il propose ainsi que « soit créée une Agence européenne de protection des démocraties ».