En salle de permanence des avocats au Tribunal judiciaire de Paris, je dis d'une voix faible, "Robert Badinter est mort". Une tête se lève, personne ne réagit vraiment, chacun replonge dans ses dossiers. Et puis la déception passée, l'émotion a fini par venir, submergeant petit à petit le déroulé de cette journée particulière d'audience de comparutions immédiates.
Se demandant s'il devait aller ou non marcher à la manifestation contre l'antisémitisme de dimanche prochain, le Président de la République a cru bon de convoquer les Périgourdins et leur supposé manque d'intérêt pour l'antisémitisme. il a réactivé ainsi un vieux cliché antisémite utilisé naguère, à la Chambre des Députés, contre un ancien Président du Conseil de la troisième République.
Ariane Lavrilleux, journaliste indépendante ayant enquêté sur les errements des services de renseignement français en collaboration avec des sociétés privées et l'Egypte dans le cadre d'exécutions extra judiciaires, a été perquisitionnée et placée 39 heures en garde à vue par une juge d'instruction pour avoir travaillé et publié des informations classées confidentiel défense.
Alors que la Cimade s'est retirée en février du centre de rétention du Mesnil-Amelot déplorant la violation des droits élémentaires des retenus, les juges de la liberté et de la détention semblent avoir abandonné l'idée d'être les gardiens effectifs des droits des exilés. Un symbole de ce désintérêt : le registre prévu par l'article L 744-2 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers.
Cela a été dit et répété. Emmanuel Macron, s'il l'emportait face à Marine Le Pen, serait le premier Président de la République véritablement réélu par les Français en ayant exercé le pouvoir. Ni De Gaulle qui n'avait pas été élu au suffrage universel direct en 1958, ni Mitterrand et Chirac qui ont "bénéficié" d'une cohabitation, n'ont réalisé cet exploit historique. Ou danger historique.
Par Andrea Fichot
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Depuis l'entrée en vigueur de la loi sécurité intérieure et responsabilité pénale, possibilité est donnée aux forces de l'ordre de recourir à la prise d'empreintes digitales forcée sur les gardés à vue qui la refusent, y compris les mineurs. J'ai assisté hier pour la première fois à la mise en œuvre de ce qui constitue un nouveau recul français sur le plan des traitements inhumains et dégradants.
Avec « Exterminez toutes ces brutes », le réalisateur haïtien livre une charge forte et juste contre le suprématisme blanc, matrice des cultures européennes. Et nous avons encore du mal à le voir et l'entendre.
L'exposition Napoléon à la Villette, 200 ans après la mort de Napoléon Bonaparte, devait aller plus loin que l'hagiographie habituelle sur l'Empereur, dans le sillage du discours présidentiel qui a tenté de nuancer le legs napoléonien. Le coup, tel une charge de cavalerie intempestive de Ney à Waterloo, a raté.
Par Andrea Fichot
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L'historiographie française a pris pour habitude de dénommer les mouvements migratoires au sein de l'empire romain à partir du IIIème siècle, comme des « invasions barbares ». Loin d'être anodine et innocente, cette appellation ne correspond que partiellement à la réalité historique et dit quelque chose de notre rapport actuel aux migrations.
Dans l'exultation internationale célébrant la défaite de Trump, Robert Badinter, dernier grand héros de notre République, s'est peut être réjoui en pensant à un sujet oublié de cette campagne américaine et pourtant si important : Joe Biden a été élu et il prévoit bel et bien d'abolir la peine de mort.