Nous tous exilés à l’est de l’Europe, journalistes, diplomates, chercheurs, entrepreneurs, étudiants, baroudeurs, adorons échanger ces anecdotes de passages en France où l’on nous regarde comme si nous revenions de la planète Mars.
Il était devenu une place touristique un peu sinistrée, avec vendeurs de souvenirs basiques, fontaines grisâtres, sombre bouche de métro, sculptures d'un goût incertain et centre commercial en image de fond.
On leur a mis des drapeaux entre les mains et ordonné de marcher, du point A au point B. Ceux qui arriveraient jusqu'au bout auraient un petit billet, mais seulement ceux-là. Et n'oubliez pas de rendre le drapeau à la fin.
L’homme qui brigue aujourd’hui la mairie de Moscou a des chaines aux pieds.Le candidat aux municipales qui se dérouleront dimanche prochain, Alexei Navalny, a en effet été condamné à cinq ans de prison ferme il y a quelques semaines seulement, au terme d’un procès pour crimes économiques, probablement fabriqué de toutes pièces.
Le héros soviétique ordinaire était d’origine modeste, il avait des ambitions simples, un amour démesuré de sa patrie et une volonté farouche de se sacrifier pour elle. Les manches retroussées, les biceps saillants, le casque de chantier ou de combat vissé sur les oreilles. Il était bon et fade comme le pain blanc.
Je ne serai pas la seule à faire le parallèle : la condamnation à cinq ans de camp de l’opposant Alexei Navalny intervient au même moment que le « Mandela day », comme une manière de dire au condamné que la prison ne met un point final ni au combat, ni à la carrière politique.
L’endroit est paradisiaque. Entre champs de tournesols et champs de sarrazin, au sud de l’Ukraine, à l’écart de la grand-route, un grillage souligné d’un fil barbelé. Cigales, soleil, torpeur estivale. Les abricotiers ploient sous le poids des fruits mûrs, leurs branches viennent s’emmêler dans le barbelé et caresser les flancs métalliques d’un missile : le R12 ou « Sandal », missile nucléaire déployé par les Soviétiques à Cuba en 1962.