Menacée depuis plus de deux ans par deux arrêtés de démolition, la population du quartier de Mavadzani dans la commune de Koungou, s'est dispersée dans les alentours et tente de s'insérer dans les quartiers analogues dans le voisinage. La presse locale n'hésite pas à estimer à 4000 le nombre de personnes délogées. Et l'Etat aurait compté 465 habitations à détruire.
Lundi 2 décembre. La préfecture de Mayotte a lancé le "décasage du bidonville de Mavandzani", où vivaient environ 400O personnes et 500 familles selon la presse locale. Les habitants n'ont pas attendu les tractopelles et nombreux ont déserté les lieux avec armes et bagages, tôles et poutres, depuis des mois dévoilant une mosaïque de carrés rappelant les habitations démontées.
Opération « décasage ». Depuis plus de deux ans, les occupants du quartier dit Mavadzani sur la commune de Koungou savent que leur habitation construite à base de matériaux de récupération, de poutres et de tôles est condamnée à la démolition par arrêté préfectoral. Deux jours avant la date fatidique, tout le monde achève le démontage de sa case et procède au déménagement.
A l'occasion de la diffusion du film « Tropique de la violence », je reposte le billet critique publié en juillet 2023 sur les préjugés coloniaux concernant la jeunesse, la délinquance juvénile et l'immigration clandestine à Mayotte, portés dans le livre éponyme de Natacha Appanah. Texte d’une actualité toujours plus brûlante. Horaires de diffusion dans le lien.
Effroi en métropole, le RN menace, la haine éclate. L’état de droit vacille, l’esprit de la République s’étiole. Depuis longtemps, la France éprouvée gouverne Mayotte, ancienne possession coloniale déguisée en département, en méconnaissant l’état de droit et les principes républicains. Mépris des lois, brutalisation des pauvres, relais de milices populaires. Le colonialisme est-il un fascisme ?
Le ministre de l’Intérieur a promis aux élus de Mayotte l’abolition du droit du sol pour les enfants nés de parents étrangers. La fuite en avant dans les exceptions mahoraises éloigne un peu plus le département des valeurs républicaines : mais à défaut de réduire les migrations, il est certain que la mesure frappera plus durement encore les enfants et les adolescents déjà sérieusement maltraités.
Mayotte serait-elle devenue la mauvaise conscience de la France ? L’État y ritualise des Wuambushu annuels sous le label de « Place nette ». Le principe est le même : nettoyer Mayotte des étrangers, des délinquants et des mal-logés. Tour à tour, autorités, élus, habitants privilégiés se relaient pour déplacer ceux qui ne comptent pas, auxquels n'est accordée aucune place dans un monde inhabitable.
L’épilogue du campement de Cavani stade où s’étaient regroupés des migrants venus du continent africain marque le retour de l’État à la brutalité à laquelle il veut accoutumer les citoyens dans sa gestion des populations pauvres et indésirables. Déloger et mettre à la rue hommes, femmes et enfants. Sans retenue. Pourra-t-on s’habituer à l’inhumanité ?
L'île de Mayotte est livrée aux factieux. Ceux-ci séquestrent une population de 400 personnes, réfugiés ou demandeurs d'asile sous la protection de l’État, sans que celui-ci n'y trouve rien à redire. Du vendredi 15 mars, à 18 heures, au dimanche 17 mars 13 heures, à la suite d'un drame touchant une femme enceinte, les ressortissants africains furent enfermés. Dans l'indifférence générale.
Alors que les forces vives exigent la fin d'un apartheid législatif néfaste et inique, le gouvernement l’accentue avec la fin du droit du sol à Mayotte. L’esquisse d’une politique progressiste est vite balayée contre la promesse de débarrasser les Mahorais des Africains honnis. Que penser d’un pays où la xénophobie réussit là où échouent les associations humanitaires ?