C’est atterrant. Dans une prétendue analyse des difficultés de l’île en ces temps de confinement difficile pour l’ensemble de la population, le journal du soir, journal de référence s’il en est, reprend à son tour et sans recul des éléments xénophobes. Assiste-t-on à la transformation d’un problème sanitaire en un problème sécuritaire dont les étrangers une fois de plus vont faire les frais ?
Malgré les souffrances qu’il inflige à la population, le gouvernement prolonge le confinement dans le seul département de Mayotte. Ni supportable, ni supporté, inapplicable, il plonge dans l’effroi des familles privées de ressources et de soins, celles qui ne figurent pas sur les listes de l’aide alimentaire. Là-dessus les mêmes ritournelles visant les « clandestins » sont répétées sur les ondes.
Confinement J 48. Témoignage d'une vendeuse dans une boulangerie mahoraise. Où l'on voit que les contrats de travail découlent d'arrangements entre parties dans lesquels le droit du travail intervient très peu. Ce rapport d’exploitation et de soumission structure l’ensemble des relations à Mayotte. Faut-il alors s’étonner que l’aide alimentaire n’ait pas atteint les populations étrangères ?
Confinement J 45. Témoignage accablant d'un pêcheur comorien, habitant un village côtier du sud de Mayotte. 0ù l'on voit que la population étrangère est empêchée d’exercer son métier et de nourrir sa famille. Sans compensation car ne lui sont pas destinées les aides distribuées sous ses yeux exclusivement aux nationaux. Pourtant cet homme contribue par sa souffrance à la lutte contre la pandémie.
Confinement semaine 7. Visite aujourd'hui à Oupi Marouzouk, un quartier de Labattoir en Petite-Terre. Pour leurs besoins, les habitants puisent une eau saumâtre dans un puits proche de la mer. La question de l’eau montre une fois de plus que les autorités éprouvent peu de sollicitude pour la population. Que durant la pandémie l’accès à l’eau n'ait été que peu facilité est en soi accablant.
À Mayotte, ou ailleurs, en métropole, en Inde, en Afrique, dans tous les pays pauvres de la planète, le confinement est une méthode de prophylaxie criminelle et insensée. Le consensus qu'il obtient dans les pays riches souligne la carence critique qui mine nos sociétés repues alors que les populations pauvres, même en France, constituent une donnée à valeur nulle dans les prises de décision.
Confinement semaine 6 ! A Mayotte rien ne bouge. La famine étend son emprise. Aujourd'hui reportage dans le quartier de Vetiver sur les pentes au-dessus de Cavani. Où l'on comprend que la pauvreté à Mayotte s’affermit dans le frottement de deux cultures parce que s'y jouent simultanément une aspiration à la France et une résistance à l’assimilation.
Mercredi soir à 18 heures, Rozemine Bacar est intervenue sur Radio Fréquence Paris Plurielle. Voici le fichier audio de sa participation. Rozemine lance un appel au secours, jeté sur les ondes comme une bouteille à la mer. Au milieu de la sixième semaine d'un confinement criminel, aucune aide n'a été apportée dans les quartiers pauvres de l'habitat "illégal". Que cet appel soit enfin entendu !
Aujourd'hui "Mayotte, c'est loin. J'y habite" poste un billet de Rozemine Bacar, jeune étudiante de Mayotte. Elle décrit de l'intérieur l'obligation d'un confinement impossible, comment le vivent les habitants de son quartier, ensemble d'habitations en tôles à l'extérieur du village de Dzoumogne, au nord de l'île.
Confinement J33. Sixième temps des reportages au sujet de la misère ordinaire à Mayotte, aggravée par la politique de confinement qui isole et affame les populations pauvres. Où l’on voit que dépouillées et démunies, les populations des quartiers en lisière sont accablées par une malédiction politique, sous la forme de la lutte anti-migratoire dont la barbarie est totalement assumée et affichée.