Connaissez-vous l'association Framasoft? Née officiellement en 2001, elle fait partie de ces groupes de bénévoles qui oeuvrent à propulser le "Logiciel Libre" hors de la zone de confidentialité où le maintiennent à la fois les grands "ténors" du numérique (Kro$oft, la Pomme, FB, Gogol et Cie)... et l'ignorance du grand public.
Au printemps, juste avant le début de la Coupe du Monde, la 2 a diffusé pendant le journal d'Elise Lucet, un reportage dans lequel l'envoyée au Brésil s'offusquait quelque peu que certains chauffeurs de taxi ne sachent pas parler pas anglais. Cet épisode montre bien à quel point la classe "moyenne-supérieure" (et plus généralement les "relais d'opinions") de notre pays (comme, n'en doutons pas, de la plupart des pays du monde) sont aveugles au sujet du "T.I.N.A linguistique" et de son injustice sociale. Dans cette classe aisée, on n'imagine pas combien il peut être problématique pour n'importe quel travailleur de base du monde, n'ayant pas forcément fait de longues études... d'acquérir en quelques mois (ou même années), les rudiments d'une langue telle que l'anglais.
Le professeur François Grin vient encore de frapper (*), avec un rapport destiné aux Suisses, mais dont le contenu écorne quelque peu les mythes linguistiques et la vision "dominante" (que j'appelle "Ordre Linguistique" ou "TINA linguistique").Ce document mérite d'être lu dans son entier, mais contentons - nous de souligner ces deux points: non, les Européens ne parlent pas tous l'anglais (seulement un tiers grand maximum, à des degrés divers de compétence, parfois médiocres) et 64% d'entre eux ne le savent pas du tout!Par ailleurs, il n'est pas forcément indispensable pour les enfants d'apprendre très tôt une langue étrangère. Il y a trop de facteurs entrant en ligne de compte pour qu'on puisse l'affirmer. "L’enseignement et l’apprentissage des langues s’inscrivent donc dans un champ extraordinairement complexe dont aucune recherche n’a, à ce jour, complètement démêlé l'écheveau. En la matière, il faut absolument éviter les simplifications et les jugements à l’emporte-pièce.'" écrit-il.
Rappelez vous: les tenants de la soumission au "T.I.N.A linguistique" se sont gaussés de Hollande (qui, soulignons-le au passage, l'avait bien cherché) quand il avait parlé anglais à je ne sais plus quelle occasion. Sarko ne faisait pas mieux (au contraire), auprès de Hillary Clinton : il utilisait le mot "time" au lieu de "weather" pour s'excuser de la météo médiocre !!!...Eh bien, dans le genre "ils osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît", le Président du conseil italien Matteo Renzi tient une excellente place sur le podium de tous ceux qui, ne voulant pas admettre les difficultés de l'anglais (et donc utiliser les services d'un interprète...), se ridiculisent aux yeux d'une bonne partie du monde.
Le "T.I.N.A" linguistique a hélas encore de beaux jours devant lui, comme toutes les idéologies dominantes (citons pour mémoire en vrac le besoin de nucléaire, de croissance, l'impérieuse nécessité de rembourser la dette, les OGM pour nous sauver de la faim, et la migration de l'Homme dans le Cosmos, etc etc...).La libre Belgique nous apprend ainsi que : "Le monde de l'entreprise plaide pour une utilisation plus large de l'anglais dans les formations universitaires. "La connaissance de l'anglais à un niveau académique est indispensable en vue d'une future croissance économique",