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Les mots en campagne

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À propos de l'édition

« Il n’y a point de meilleur moyen pour mettre en vogue ou pour défendre des doctrines étranges et absurdes, que de les munir d’une légion de mots obscurs, douteux et indéterminés. » John Locke Depuis1

longtemps présents dans les discours politiques contemporains tenus par des responsables de droite comme de gauche, les « éléments de langage » prolifèrent. Plus encore lors d’échéances électorales jugées majeures où il s’agit de recueillir l’adhésion ou le soutien des électeurs, et de capter l’attention. La campagne, qui a débuté pour les présidentielles à venir, en témoigne, déjà. Leur fonction ? Occulter le fait qu’il s’agit d’une propagande souvent grossière destinée à imposer des représentations particulières des réalités qu’ils sont supposés désigner, par la sidération et à favoriser la mobilisation des Français, selon l’expression consacrée. Mots nouveaux ; vieilles pratiques. Ces « éléments de langage » prospèrent grâce à des locutions vagues - citoyenneté, vivre ensemble, migrants …-, à des termes qui, sous couvert de qualification, visent à disqualifier certaines catégories sociales et/ou minorités visées – assistés, jeunes des banlieues, communautaristes… - en faisant croire que les uns et les autres sont autant de menaces graves pour la stabilité et l’intégrité de la société. D’autres termes enfin sollicitent ouvertement la peur en suggérant que la France est confrontée à des dangers existentiels – guerre civile, territoires perdus de la République, islamisation,…-. Pseudo-concepts, expressions toutes faites, béquilles rhétoriques, métaphores éculées ; tels sont les principaux éléments constitutifs de cette langue politicienne. Travailler à leur déconstruction par l’ironie et l’analyse ; tel est notre objectif.

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    L’islamisation? Un phantasme

    Par | 10 commentaires | 7 recommandés
    Si le terme islamisation apparaît au début de XXe siècle chez les orientalistes pour rendre compte des progrès de l’islam en Asie et en Afrique, sa signification a, depuis ces dernières années, considérablement évolué. Désormais, il désigne une menace nouvelle et réputée mortelle pour les sociétés européennes. Déconstruction du terme «islam», doublée d'une dédramatisation, par le chercheur Roland Laffitte.
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    Les policiers n'en peuvent plus (2) - Embedded and Cie

    Par | 27 commentaires | 41 recommandés
    Pourquoi faut-il que lorsque Le Monde décide d'enquêter en profondeur sur la question, son mouvement naturel soit d'embedder une de ses plumes dans un commissariat de banlieue plutôt que de recueillir les témoignages et récits des populations diverses qui, dans ces quartiers et d'autres, ont quotidiennement à faire à la police, dans des circonstances tout aussi diverses ?
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    «Vivre ensemble» ou « «vivre ensemble égalitaire»?

    Par | 14 commentaires | 12 recommandés
    L’expression «vivre ensemble» fait désormais partie de la novlangue politique qui contribue à orienter notre perception du réel depuis plusieurs décennies. Des politiques publiques promeuvent ce «vivre ensemble» des structures sociales la revendiquent comme valeur, etc.
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    Crise identitaire?

    Par | 12 commentaires | 21 recommandés
    La dénonciation de la "crise identitaire" supposée affecter la France est une construction idéologique qui fonctionne comme une machine de guerre mobilisée par l'extrême droite pour attirer à elle les laissés-pour-compte de la société actuelle. Dans une époque soumise à la dictature de l'émotion, cette rhétorique est reprise par les politiques de tous bords et par un grand nombre de journalistes.
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    Au bout de ses rêves (vision de cauchemar)

    Par | 25 commentaires | 41 recommandés
    Voilà un air populaire mais cette fois il n’a rien pour plaire. «J’irai au bout de mes rêves…» C’était un refrain de Jean-Jacques Goldman; en son temps, il avait fait recette. Aujourd’hui, François Fillon croit pouvoir miser sur la formule à succès. Décryptage par l'historienne Ludivine Bantigny du détournement de «nos rêves» par le candidat de la droite et du centre, et quelques autres politiques (mal) inspirés.
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    France: terre d’accueil ? 2/2

    Par | 4 commentaires | 12 recommandés
    «Nul ne peut être lésé, dans son travail (…), en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.» (Constitution de la Quatrième République.) Pourtant, les discriminations, frappant les «immigrés» nord-africains après 1945, furent systémiques. Les divers adeptes du grand roman national n’ont de cesse de nier ou d’euphémiser cette réalité. France: terre d’accueil ? Suite et fin de l’analyse de Olivier Le Grandmaison
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    France: terre d’accueil? 1/2

    Par | 14 commentaires | 32 recommandés
    « Après avoir longtemps été la fille aînée de l’Eglise, la France serait devenue, par la grâce des Révolutions de 1789 et 1792, et des Déclarations des droits de l’homme et du citoyen, la fille aînée de l’émancipation individuelle et collective. » Et bien entendu, de l'accueil fraternel des réfugiés... L'universitaire Olivier le Cour Grandmaison décrypte ici en deux volets comment la «France terre d'accueil» sert à justifier le rejet des étrangers.
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    «Les policiers n'en peuvent plus»

    Par | 42 commentaires | 52 recommandés
    «La police à laquelle un pouvoir politique veule et inconséquent lâche les rênes et qui, en conséquent se sent pousser des ailes, ne rêve pas de meilleures conditions d'exercice du noble métier consistant à assurer « le respect de la loi » ; elle rêve, platement et en automate, d'un Etat policier. » Analyse d'Alain Brossat de l'usage du «ras-le-bol» policier dans la campagne.
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    Calais: «mise à l’abri humanitaire»

    Par | 80 commentaires | 60 recommandés
    C’est pour leur bien qu’hier on enfermait les migrants dans un camp à Calais. Aujourd’hui, c’est pour leur bien qu’on les chasse. Et c’est pour leur bien qu’on réprimera leurs protestations et leurs résistances. On pense à Orwell : « la guerre, c’est la paix ; la liberté, c’est l’esclavage. » C’est que la bataille politique se joue d’abord sur le terrain du vocabulaire.