"La révolte seule [...] est créatrice de lumière" nous dit André Breton à la fin d'Arcane 17. C'est dire combien aujourd'hui manque singulièrement de clarté. Notre époque manque gravement1
… de politique, quelles qu'en soient les voies. Pis, en pensant à Marx qui écrivait à Ruge : « (…) il est enviable d'être les premiers à entrer vivants dans la vie nouvelle. Que ce sort soit le nôtre ! (…) », nous pouvons mesurer la régression intellectuelle et politique dans laquelle nous ont plongés trente années où la Réaction a relevé la tête.Il n'y a pourtant pas de fatalité politique comme de fatalité tout court. Comme en 1968, avec une politique de la peur articulée sur des lois liberticides, la Réaction espère reconstituer "la majorité silencieuse", apeurée, sérialisée et soumise. Sa forme actuelle - le sarkozysme - se réclame de l'opinion, mais celle-ci ne signifie plus rien pour peu qu'il y ait de la politique (émancipatrice) et/ou de la pensée créatrice (absolument moderne). Pour le dire autrement, nous pensons que l'état de minorité numérique importe peu, et que des minorités résolues, parlantes et agissantes peuvent changer le cours des choses.
On parle à nouveau de révolution.
Les peuples arabes s'insurgent ; nous avons des raisons de nous réjouir après tant de défaites.
Pour tenir et passer à l'offensive créatrice, il faut, il faudra compter avec toutes celles et tous ceux qui portent, d'une manière ou d'une autre, l'idée communiste, avec toutes celles et tous ceux qui, dans leurs luttes et leurs inventions, font surgir et exister des gisements de communisme. Il y a une pensée du communisme, depuis fort longtemps, et, aujourd'hui, cette pensée prend mille formes.
Imaginer les voies (politiques, mais pas seulement) de l'idée communiste pour notre temps, qui semble s'ouvrir sur les valeureuses révoltes et révolutions arabes, tel est l'objet de cette édition. Mille communismes, qui aurait tout aussi bien pu s'appeler Editions des archaïques rêveurs inadaptés inadaptables... Mais combatifs !