Confinement oblige, je me tourne vers les fenêtres de l’habitat. La fenêtre matérielle procure une vue plongeante sur la vie des autres qui font la queue devant la boulangerie, la pharmacie, l’épicerie, promènent leur chien, houspillent leur prochain.
Le chaos est bien là. Je ne parle pas des scènes de panique ordinaire autour d’un article de première nécessité. Je parle du chaos qui risque d’enténébrer nos jours.
Plus de rassemblements en milieu confiné. Consignes bienvenues à un moment de crise sanitaire. Mais que fait-on des rassemblements de population dans les transports en commun? Car les passagers continuent de respirer, d’éternuer, de tousser.
Va-t-on crier au scandale parce que dans le cas de M. sur-le-point-de-devenir-définitivement-maudit on ne peut plus séparer l’homme de l’œuvre, l’œuvre en question étant une éjaculation de mots – oh, si artistiquement classiques ! – relatant le déversement pathétique, pathologique d’un sexo-narcissique pédo-morbide ?
Dans la rame, des travailleurs et travailleuses, comme disait l’autre. Pas un oisif, pas une oisive qui auraient l’idée de profiter du RSA, de l’ARE, ni de pointer son nez au musée d’Orsay histoire de rêver avec Auguste Renoir et Jeanne sur La Balançoire de la Butte Montmartre.
Le second dossier de presse révisé du dernier film controversé de Roman Polanski aurait supprimé un passage de l’entretien accordé par le cinéaste à son ami romancier-essayiste-journaliste philosophant Pascal Bruckner.
Excuse me, Mr. Bruckner, mais vous avez tout faux !
Toni Morrison et le tweet ou pas tweet de Muriel Pénicaud : les mots ont aussi leur Histoire.
Tweet maladroit de la Ministre du Travail. Car tout de même écrire en 2019 « Grâce à elle, les noirs ont enfin pu entrer par la grande porte dans la littérature. » fait preuve d’une naïveté déroutante.
Si la réalité dépasse parfois la fiction, le cinéma de Tony Gatlif, lui, va plus loin que la vie, plus loin que le monde en ses schémas réducteurs, destructeurs, moralisateurs, pour nous offrir un conte musical sur l’exil et le chagrin, les chaos de l’histoire, les désillusions d’hier et d’aujourd’hui.
« I’d live on a train if someone gave me one. » (Si quelqu’un me donnait un train, j’en ferais ma demeure.) Cette phrase tirée de Motel Chronicles (1982) résume l’homme et l’œuvre portés par une quête authentique de la vie et de ses douleurs, de la passion et de ses félicités.