A Bruxelles, l'œuvre d'Ellen Gallagher, nourrie des récits populaires des mythologies afro-américaines et des paradigmes de la peinture moderniste, tente d'inventer de nouveaux modes de perception. Son art est influencé par les mondes marins qu'elle explore face aux désordres de l'Anthropocène dans des installations filmiques réalisées avec Edgar Cleijne.
Avec "Una costilla sobre la mesa : Madre", bouleversant requiem d'une fille à sa mère défunte, Angélica Liddell ouvre de façon magistrale la cinquième édition du Festival Programme Commun à Lausanne, emplissant de son amour et sa douleur le pavillon du Théâtre de Vidy. De son retour sur la terre natale maternelle nait cette sublime et intense prière théâtrale.
A Toulouse, le centre d'art BBB fête ses 25 ans, l'occasion d'un bilan et d'une projection vers des lendemains désirables en s'emparant de la question de la temporalité. A la rétrospective des films de Marie Voignier répondent celles des œuvres de Matthieu Saladin et de Dominique Mathieu. En accord avec cette programmation, le lieu diminue progressivement ses horaires d'ouverture.
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A la Colline, l'interprétation magistrale de Stanislas Nordey révèle l'importance du texte d'Edouard Louis. "Qui a tué mon père" pièce engagée, se situe au croisement de l'intime et du politique. Seul en scène face aux effigies du père qui se multiplient, Nordey donne corps à ce récit douloureux mais nécessaire, dénonçant la mise à mort des classes populaires. Incandescent.
A partir de ses acquisitions récentes, le Frac Franche-Comté compose un récit sur la nécessité de la création artistique. Inspiré par un roman d'anticipation d'Emily Saint John Mandel, point de départ de l'exposition, "Survivre ne suffit pas" aborde de façon sensible des questions sociétales et politiques pour s'achever sur une note d'espoir qui réenchante les possibles en ces temps de crise.
Anne Le Troter transforme le Grand Café à Saint-Nazaire en banque du sperme dans une installation sonore immersive où le langage oral occupe une place centrale. Entre théâtre et création plastique, "Parler de loin ou bien se taire" prolonge ses recherches récentes et transforme un discours utilitaire standardisé en comptine. Brillant.
A Bruxelles, Martine Feipel et Jean Bechameil occupent la grande nef de l'ancienne Patinoire Royale pour mener à bien leur révolution mécatronique. "Automatic révolution" à la galerie Valérie Bach invite à l'appropriation des outils de création pour reprendre en main nos vies. Un appel plastique et poétique célébrant les vertus de la révolte, qui trouve un étonnant écho dans l'actualité.
Thomas Ostermeier s’empare du « Retour à Reims » de Didier Eribon comme miroir d’une société en plein questionnement. Devant le public de l’espace Pierre Cardin, le metteur en scène allemand fait entrer l'urgence du présent dans lequel à la mémoire ouvrière se mêlent désormais l'actualité des gilets jaunes et des enfants d’immigrés. Un grand théâtre politique.
A Rouen, le Hangar 107 accueille les mots de Tania Mouraud. «Ecriture(s)» revient sur l'importance plastique du langage dans son oeuvre dont sont emblématiques les fameuses lettres noires sur fond blanc étirées jusqu’à la frontière du lisible. L'abstraction sous-jacente se fait désormais réelle dans une nouvelle série qui marque un retour à l'écrit et indique une acceptation du temps qui passe.
Le Centre photographique d'Ile-de-France propose une traversée dans le travail de Paul Pouvreau. Réunissant un ensemble d'oeuvres de 1991 à aujourd'hui dont le point commun est un usage du quotidien s'exprimant à travers l'utilisation d'objets domestiques mis en scène ou trouvés, le «magazine des jours» présente ces petits riens qui sont des témoignages poétiques de notre temps.