"La construction historique est consacrée à la mémoire de ceux qui n’ont pas de nom" (Walter Benjamin). "L’histoire est la science d’un changement et, à bien des égards, une science des différences" (Marc1…
Bloch). L'image est prise au coeur du monument-mémorial de Portbou dédié à Walter Benjamin ("Passages", de Dani Karavan).
Ce 28 février 2016 en Suisse, le soulagement a été très grand et très partagé. Sans doute sous l’effet d’une mobilisation citoyenne inattendue dans l’espace public, une nouvelle initiative populaire de l’extrême-droite gouvernementale (UDC) pour la mise en œuvre automatique, au mépris de tout principe de proportionnalité, d’une précédente initiative sur le renvoi des « criminels étrangers »...
Les mois de novembre et décembre 2015 ont été le théâtre d’un mouvement social sans précédent dans le canton de Genève. Il est actuellement suspendu. Mais quoi qu’il en soit, il a clairement révélé l’ampleur du mécontentement parmi celles et ceux qui assurent les prestations de la fonction publique. Et il ne manquera pas de laisser des traces.
Dans "Soudain, le fascisme", l’historien italien Emilio Gentile évoque les acteurs de la « Marche sur Rome » de 1922, cette prise du pouvoir par le fascisme dont nous savons aujourd’hui, après coup, quelles souffrances et quels drames elle allait engendrer au cœur d’un sombre XXe siècle. Mais son propos pourrait aussi évoquer d’autres catastrophes qui ont marqué cette non moins sombre année 2015.
Franco, ce dictateur sanguinaire que l’État espagnol a subi pendant près de 40 ans, est mort il y a juste 40 ans, le 20 novembre 1975. Son décès est tombé un même jour que celui de l’exécution, en 1936, du fondateur de la Phalange espagnole, José Antonio Primo de Rivera, fils du dictateur des années vingt et véritable fasciste. Celui dont le corps gît à côté de celui du Caudillo dans le sordide monument du Valle de los Caídos.
Les jeux sont faits. Toute la presse européenne annonce ce lundi le virage très à droite de la Suisse après les élections fédérales qui ont vu la mal-nommée (en français) Union démocratique du centre gagner 11 nouveaux sièges, pour un total de 65 sur 200 au Conseil national, avec 29,4% des suffrages exprimés (+2,8%). Et en effet, il y a de quoi avoir une vraie gueule de bois.
Marignan, 1515 : c’était il y a exactement 500 ans. Mais de quoi s’agit-il ? Et qu’est-ce que cela signifie pour le présent ? Des mythifications s'observent de part et d'autre.
Du 5 au 8 septembre 1915, 38 délégués provenant d’une douzaine pays se réunissent discrètement à la pension Beau-Séjour de Zimmerwald, près de Berne, en Suisse. Ils s’opposent vertement à la guerre impérialiste et s’engagent pour la paix et la solidarité entre les peuples.
Ce 30 août 2015 marque jour pour jour les 50 ans de la tragédie de Mattmark avec ses 88 victimes, dont 56 Italiens. Un glacier s’est effondré sur des baraques du chantier d’un barrage en haute montagne. Sa mauvaise réputation avait eu peu de poids face aux exigences de rentabilité et de délais de construction. La tragédie était en quelque sorte annoncée, mais personne n’allait en assumer la responsabilité.
Bref billet retournant sur un été sombre et inquiétant. La crise grecque a ouvert des espoirs aussitôt déçus sans que rien ne se résolve, bien au contraire. Problèmes de gestion économique, de méfaits de l’austérité, au nom d’un dogme imposé à tous. La crise humanitaire des réfugiés arrivant aux portes de l’Europe a fait s’élever des murs et des barbelés sans aucune politique commune. Problèmes de replis identitaires et d’oubli manifeste des valeurs qui ont fondé l’idée de construction européenne sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale.
« On n’entre pas à Lampedusa. On ne sort pas de Calais. On ne passe pas à Ventimille. De la Serbie à Budapest, on voyage dans des wagons plombés. À Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles en terre d’Afrique, comme à la frontière entre Bulgarie et Turquie, ou à la frontière entre Hongrie et Serbie, des murs et des grillages s’élèvent.» (Alessandro Portelli, Il Manifesto, 30 juillet 2015)