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La première fois qu’il s’était rendu au joli domaine qui par la suite devait hanter son esprit pendant des semaines, il était d’humeur massacrante et le travail, que le propriétaire des lieux attendait de lui, lui avait paru, comme souvent ailleurs, fastidieux, vraisemblablement éreintant, et pour finir peu lucratif.
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Dès qu’il avait pu se libérer du chantier entrepris à Rome, il s’était mis en route à pied en direction du sud. Les services d’un muletier lui auraient fait gagner un temps considérable, mais il désirait réfléchir à sa situation et à la décision qu’on lui demandait de prendre.
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Nous allions atteindre le bout des jetées. Le commandant demanda aux hommes d’équipage d’inciter les passagers à s’abriter. La mer était trop forte pour que ceux-ci puissent, sans risquer leur vie ou celle des hommes, se tenir sur le pont, balayé et lavé à grand fracas de déferlantes
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Nous attendions en silence sur le quai sombre et sinistre. A côté de nous, la vie filait sa quenouille de tous les jours, les gens allaient, venaient, dans un sens, dans l’autre, pressés, indifférents, curieux, moroses, rieurs. Du ciel, les goélands gouailleurs surveillaient les faits et gestes des hommes.
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Le ferry quitta le petit port de Rossaveal, comté de Galway, en fin de matinée, sous le ciel gris métallique d’un froid début d’été, qui ne promettait rien de bon pour la journée.
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Le jour s’était levé très tôt, comme toujours l’été non loin de la Carélie. La vieille dame aussi. Elle commençait toutes ses journées de bonne heure, indépendamment de la saison. Aux beaux jours, elle profitait de la toute relative fraîcheur matinale pour s’occuper de son petit jardin.
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Elle chantait les yeux fermés. Elle vivait sa musique de toute son âme, de tout son être, dans les règles de l’art. Ignorant tout de la langue portugaise, je ne comprenais pas les paroles de ses chansons mais le masque tragique de sa physionomie laissait deviner qu’il y était question d’amours malheureuses, de départs, de navires, de marins, et de Lisbonne.
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M’éveiller près de mon amour, en respirant le parfum de sa peau nue, la rose de sa tendresse, c’était cueillir dès le matin l’éphémère espoir du jour.
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Depuis ses découvertes, elle se posait toutefois une question : pourquoi avoir attendu treize ans, sinon plus, pour abandonner le domicile conjugal ?
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Au moins, depuis qu’il était parti, l’épouse légitime échappait à ces désagréments, à cette tenue fort peu civilisée.