J'ai commencé ce journal le 9 août 2020 quand les Biélorusses choisissaient leur président.
Après 26 ans au pouvoir, Loukashenko a été annoncé comme vainqueur à 80% de voix en sa faveur. Les officiels1…
ont osé l'annoncer à 90% qui avaient voté contre. Peut-être plus de 90%, les résultats n'ont jamais été rendus publics, certains bulletins ont été brûlés par les commissions électorales. Depuis le 9 août, les 80% ou plus manifestent leur désaccord, chacun à sa manière pacifique.
Mon journal c'est l'histoire de tous ces gens qui se battent pour la liberté et la dignité mais aussi pour leur pays. Ils ne veulent partir ni à l'est, ni à l'ouest. Ils veulent vivre chez eux, librement et pleinement.
Les Biélorusses ont découvert la solidarité. Du mouvement Stop cafard ! en passant par la quasi-révolution blanche puis les marches des femmes, les Biélorusses se sont retrouvés dans la Résistance, qu’ils ne connaissaient jusqu’à présent que par leurs manuels d’histoire et de si nombreux films et livres.
Les quatre heures de la rencontre à huis clos avec Poutine n’ont pas été perdues. En écolier discipliné, Loukashenko a bien pris ses notes sur son petit carnet.
Cinquième dimanche depuis la nuit sanglante du 9 août, cinquième dimanche que je passe à lire en continu des messages qui tombent sur mon téléphone portable, à consulter les itinéraires des manifestants et le plan de Minsk.
Le deuxième samedi de septembre, on fête la ville de Minsk. Cette année, les autorités ont décidé de l’annuler. Tout le monde sait pourquoi, mais les gens font semblant de s’interroger. Pendant que la société découvre les plaisirs de la solidarité, les ministres préparent la visite de Loukachenko à Sotchi. J’ai bien peur qu’à son retour, il ne reconnaisse plus son pays.
Le 14 septembre, Loukachenko doit se rendre à Moscou où il signera des accords qui ne seront probablement pas favorables à la Biélorussie. La grande inconnue de tous leurs scénarios et stratagèmes reste le peuple biélorusse, plus déterminé que jamais. Petit retour sur les médias et l’Histoire.
Svetlanana Aliexivitch, fait partie du Conseil de coordination qui a été initiée par Svetlana Tikhanovskaya, président élu en exil à Vilnius, Lituanie. Tous les membres du Conseil sont désormais arrêtés ou exilés. Reste Svetlana Alexiévitch