 
    C'est une alerte sérieuse sur des cas de syndromes inflammatoires chez des enfants. Ce constat survient alors qu'approche la date du 11 mai. Cela questionne à nouveau cette réouverture des écoles, prématurée à nos yeux.
Depuis le 15 avril, une augmentation notable d’inflammations aiguës du muscle cardiaque est constatée en France, comme dans d’autres pays, chez des enfants en majorité porteurs du SARS-CoV-2. Heureusement aucun décès n’est à déplorer.
Un nombre inattendu d’enfants sont hospitalisés dans les services de réanimation parisiens pour des myocardites aiguës (inflammation du myocarde, principal muscle du cœur) et des formes atypiques du syndrome de Kawasaki (maladie inflammatoire de type vascularite) depuis une quinzaine de jours.
 Depuis le 15 avril, « nous constatons une augmentation notable de cas d’enfants présentant des myocardites aiguës », expliquent les réanimateurs franciliens. Ces alertes surviennent après celles de la Société des soins intensifs pédiatriques britannique, lundi 27 avril.
 Les médecins britanniques et français se sont rapprochés de leurs collègues italiens, qui ont observé des syndromes similaires à Bergame ( ville italienne très touchée par l'épidémie) , tout comme en Espagne ou en Suisse.
 Alors que, depuis le début de l’épidémie, le nombre de cas graves de Covid chez les enfants et les adolescents est très peu élevé, une vingtaine d’enfants, de 8 à 15 ans, sont concernés par ces symptômes en Ile-de-France. Plus d’une dizaine de patients de 5 à 12 ans sont hospitalisés à l’hôpital Necker [AP-HP], sans aucune "comorbidité" ( maladie préexistante) . De même, quatre enfants de moins de 10 ans sont ou ont été hospitalisés dans les services de réanimation à Robert-Debré, trois à Trousseau et 5 ou 6 à Bicêtre Aucun n’a a priori de comorbidité. Quelques cas auraient été signalés ailleurs en France.
 Le tableau clinique ressemble parfois au syndrome de Kawasaki, une maladie inflammatoire infantile dont les symptômes sont notamment cardiaques. Mais cette maladie rare survient souvent avant l’âge de 2 ans et la plupart du temps avant 6 ans et touche un petit nombre d’enfants.
La question est bien sûr de savoir si ces cas sont liés au coronavirus SARS-CoV-2. Certains enfants ont été testés positifs, mais d’autres non. Sur la dizaine de patients de Necker, un petit tiers est porteur du virus SARS-CoV2 sur des résultats PCR, les quatre patients de Robert-Debré sont tous positifs. Tous sont dans l’attente de résultats sérologiques sanguins.
« La corrélation avec le Covid existe mais la relation directe et le mécanisme ne sont pas connus », explique Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Robert-Debré. « A ce stade, aucune autre cause ne peut expliquer cette dysfonction du myocarde », assez rare, poursuit-il, tout en restant très prudent. « On reste avec des points d’interrogation. Est-ce une atteinte directe du virus ? ou des réactions post-infectieuses, des anomalies de la réponse immunitaire ? Ce n’est pas documenté pour l’instant. »
 La professeure Isabelle Kone-Paut, chef du service de rhumatologie pédiatrique à l’hôpital Bicêtre. ajoute: « On voit aussi un emballement immunitaire avec une surproduction de cytokines chez ces enfants »;  voir notre article sur les processus inflammatoires 
« L’une des hypothèses est que le Covid n’aurait pas donné d’atteinte grave initialement, mais entraîné secondairement des réactions immunologiques à l’origine des troubles cardiaques », avance un autre pédiatre hospitalier.
Pourquoi cela survient-il  maintenant ? « On peut observer à la suite de certaines infections virales l’apparition dans un second temps de nouveaux symptômes cliniques appelés “post-infectieux”, et ceux-ci parfois plusieurs semaines après », poursuit la spécialiste. 
 Point rassurant, aucun décès n’a été signalé et l’évolution de ces patients semble à ce jour favorable, constatent les cliniciens.
 Pour y voir plus clair, un registre est en train d’être constitué pour colliger les différents cas, afin de connaître le nombre de patients concernés et de recouper les parcours pour établir le lien ou non avec le coronavirus »,
En Grande-Bretagne, le ministre de la santé se disait lundi 27 avril très préoccupé » par l’alerte émise quelques heures plus tôt : « Il est parfaitement plausible » que les pathologies observées soient « causées par le virus », a ajouté conseiller médical en chef du gouvernement qui a évoqué l’existence possible de foyers épidémiques. Il ajoure" Il s’agit d’une nouvelle maladie qui pourrait être causée par le coronavirus. Nous n’en sommes pas sûrs à 100 %, car certains des enfants qui l’ont développée n’ont pas été testés positifs".
Partout en Europe, le coronavirus a fait très peu de victimes parmi les enfants. Selon un décompte officiel, neuf enfants de 0 à 19 ans sont morts dans des hôpitaux britanniques après avoir été testés positifs au Covid-19 parmi les 21 678 décès recensés dans ces structures.
Moins porteurs, les enfants semblent moins contagieux, comme le montre une récente étude des services de santé australiens. Dans les écoles de la province des Nouvelle-Galles du Sud, 18 personnes (9 élèves et 9 membres du personnel), de 15 écoles, ont été testées positives au Covid-19. Parmi leur entourage de 735 élèves et 128 membres du personnel, seuls deux enfants semblent avoir contracté le virus. A l'inverse dans le lycée de Crépy-en- Valois la contagion entre élèves a été forte selon l'étude de l'institut Pasteur
Au total l'apparition de ces syndromes infantiles questionne à nouveau la précipitation pour la réouverture des écoles, notamment pour les enfants de maternelle et primaire. Ils sont les plus directement concernés par une éventuelle nouvelle pathologie inflammatoire liée au Covid19. Le Conseil scientifique censé orienter les décisions gouvernementales a pour sa part proposé une ouverture en septembre seulement, comme en Italie.
Voir nos autres articles sur le coronavirus:
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/280420/masques-gratuits-et-disponibles-pour-tous
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/270420/covid19-une-piste-despoir-de-traitement
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/170420/corvid-gare-la-precipitation-sous-pression
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/220320/pioupiou-griffton-griveton
https://blogs.mediapart.fr/albert-herszkowicz/blog/170320/coronavirus-femmes-en-danger-au-travail
 
                 
             
            