Alors que les médias et la classe politique ont largement rendu hommage aux morts du Covid lors de la première vague, la France ne les regarde plus, désormais, tout à fait en face. Les chiffres sont1
… pourtant là. Au-delà des chiffres, nous avons voulu le dire avec des mots. Dans le sillage d'un appel à témoignages auquel vous avez été nombreux.ses à répondre, nous proposons de rassembler dans cette édition les hommages et les récits de deuils contrariés à l'heure du Covid-19. Nous souhaitons redonner de la visibilité à ces victimes du Covid, comme aux souffrances que ces disparitions ont charriées depuis un an, dans les familles, les couples, les entreprises, les collectifs militants, etc. La mort est surtout l'affaire des vivants. Ceux-ci racontent ces morts qu'ils n'ont pas pu pleurer ou saluer. Ils disent la culpabilité parfois, d'être celui ou celle qui a survécu, ou encore la terrible expérience de la mort solitaire de leurs proches, mais aussi les minuscules stratégies pour dire au revoir ou pour se reconstruire, malgré tout. La France atteint les 100 000 morts mais ne s’intéresse plus beaucoup aux disparus. Mediapart veut donner la parole aux proches, parler de ces deuils contrariés, des souffrances qu’ils charrient. Si vous souhaitez témoigner, le pouvez, racontez-nous.
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Faire son deuil en temps de pandémie - Hommage collectif

À propos de l'édition
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Édition Faire son deuil en temps de pandémie - Hommage collectif
Pour que jamais, on en arrive à trier les patients
J’ai l’impression que mon père a été considéré comme une « quantité négligeable », l’encombrant d’un lit là où il fallait faire de la place pour tenir des directives issues de politiques de santé délétères. Penserons-nous un jour cette période ? Poserons-nous des mots sur la sauvagerie de ce système, sur ce qui a été vécu par ceux qui sont partis par défaut de soins, car l’hôpital manque de moyen, depuis longtemps. -
Édition Faire son deuil en temps de pandémie - Hommage collectif
Un adieu empêché.
Entrée seule en clinique, ma mère est morte seule sans avoir pu dire adieu à ses enfants. Si les raisons de cet adieu empêché sont multiples et complexes elles n'exonèrent pas des responsabilités individuelles. L'attention à la personne âgée malade dépend aussi de la personnalité des soignants . Même et surtout en temps de Covid -
Portfolio
Édition Faire son deuil en temps de pandémie - Hommage collectif
Les corps silencieux
Cette bande dessinée est un récit imaginaire. Elle est inspirée d’une multitude d’histoires et de tragédies individuelles qu’ont vécues des milliers de personnes durant l’année 2020, et particulièrement du témoignage de Patrice Dupas, et celui de Julie publié par Mathieu Yon dans Lundi.am. -
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Mon père est décédé du Covid en décembre 2020
L’histoire ne s’arrête pas avec l’enterrement de mon père, mais avec son exhumation. La période de son décès était tellement difficile et les décès tellement nombreux qu’il a été enterré dans le mauvais sens. On ne pouvait pas se recueillir sur sa tombe en lui faisant face. Mon père a donc été exhumé il y a quelques jours. Je pensais avoir surmonté la première vague du chagrin et assister à ça m’a juste replongée dans le pire du deuil. -
Édition Faire son deuil en temps de pandémie - Hommage collectif
Ma vie brisée
Mon papa de 68 ans est parti. Ce sont les seuls mots que je suis capable de prononcer. Pourquoi nous laisser dans un tel silence ? Pourquoi ne pas parler de nous ? De ce que nous vivons ? De ce que nos êtres aimés vivent ? Monsieur le Président, un simple tweet ne suffit pas. Rendons-leur hommage. Aidez-nous à nous reconstruire. Il faut aussi réparer les vivants. -
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Adieu ma belle, bella ciao !
Norma
Le 17 avril, Norma a été transférée à l’hôpital, et j’ai compris. Le lendemain, à 12h30, elle était morte. L’hôpital Avicenne de Bobigny a été très humain, me permettant de venir. On m’a tendu une blouse, donné un masque et une charlotte, et j’ai pu voir Norma une dernière fois. Son visage portait la marque d’un combat indicible contre la maladie. -
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Mon impossible deuil
J’ai perdu mon père le 31 mars 2020 dans un chaos que seules les personnes qui ont vécu cette tragédie peuvent comprendre. Plus d'un an après ce drame, les victimes d'un protocole totalement déshumanisé continuent de grossir les statistiques sinistres de la pandémie. Parmi toutes ces victimes, des milliers de vivants sont laissés à l'abandon, confrontés à l'impossibilité de faire leur deuil. -
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Je voulais vous expliquer comment le Covid me bousille
Frédéric R, surveillé par Kaya et Lyra © Hélène R
Mon père n’est pas mort du Covid, en revanche il est certainement mort à cause du Covid. Je suis juste une fille de plus qui a perdu son père. Mais j’étais SA fille et c’était MON père. Ce virus qui rend tout plus compliqué, plus difficile, m’entraîne dans la dépression. -
Édition Faire son deuil en temps de pandémie - Hommage collectif
Double peine
Il n’était pas malade du covid mais nous avons vécu toute son agonie, ses funérailles, le deuil avec la brutalité de ce premier confinement et la perte de tous nos repères affectifs. Mon mari est décédé mercredi 25 mars 2020 d’une infection pulmonaire aggravée, après dix jours de coma artificiel, d’intubation et de soins intensifs.