L’exposition « Hope will never be silent », première monographie du couple argentin Chiachio & Giannone dans un centre d’art français, vient de s'achever au Transpalette à Bourges. En accueillant d’autres artistes sur le principe de famille choisie, elle esquisse aussi une généalogie queer locale dans la continuité de celles ouvertes au cours des précédentes manifestations du duo.
Dans une mise en scène à l'épure redoutable, Jacques Vincey se saisit des tremblements suscités par la puissance du texte de Marie NDiaye qu’interprètent trois comédiennes remarquables. « Les serpents », conte contemporain, se meut en récit funèbre dans lequel l’indicible dépasse la peur et la cruauté pour se loger dans l’obscurité du mystère un jour de fête nationale. Impressionnant.
Au Plateau, l’espace parisien d’exposition du Frac Ile-de-France, Bruno Serralongue s’empare de la déclaration des zapatistes dont il fait sien le titre, pour mieux composer un voyage parmi des individus et des collectifs en lutte, qu’il n’a cessé de photographier tout au long de sa carrière, invitant le visiteur à une rencontre avec l’autre dans ses combats.
À Limay, en banlieue parisienne, les Réservoirs accueillent le second opus de « Ré-existence », trois ans après l’exposition manifeste initiée par Erwan Keruzoré, artiste et ouvrier, qui envisageait la création artistique comme un geste de résistance. L’acte 2 réunit six artistes qui redonnent de la signification à l’idée d'un art engagé. Salutaire.
Le musée Reina Sofía à Madrid célèbre l’œuvre puissante de l’artiste afro-cubaine Belkis Ayón fascinée par la société secrète exclusivement masculine des Abakuá au point d'en faire l'unique sujet de ses gravures de grand format, leur inventant tout un univers visuel. Cette première rétrospective européenne révèle l'immense talent d'une artiste prolifique, disparue à l'âge de trente-deux ans.
Changer la compréhension du monde par le partage d’enquêtes sur le terrain. À La Commune CDN d'Aubervilliers, la pièce d'actualité n°17 est aussi la pièce journalistique n°1. Etienne Huver et Jean-Baptiste Renaud ont enquêté sur la route migratoire la plus dangereuse du monde. À l’heure de la solidarité ukrainienne, la Méditerranée n’en finit pas de tuer et nous regardons ailleurs.
Marquée par la rapide évolution politique du Brésil, Christiane Jatahy revisite « Dogville » de Lars von Trier pour démontrer par l’expérience la déconcertante capacité de l’humanité au fascisme. « Entre chien et loup » met en scène les mécanismes de défiance puis de domination d'une petite communauté accueillant une étrangère qui fuit la dictature de son pays.
Olu Ogunnaike s'intéresse aux bois et à la mémoire qu’ils referment. Pour sa première exposition en France, l'artiste britannique fait parler celui qui forme le squelette du Capc, ancien entrepôt réel des denrées coloniales de Bordeaux, pour en extraire les histoires. Derrière son esthétique minimale, « Miettes » esquisse une subtile histoire de décolonisation, entre cendres et cannelle.
Madrid célèbre l’art plastique et chorégraphique de La Ribot, enfant de la Movida, dans une exposition où le corps occupe le centre de sa pratique transdisciplinaire. « A escala humana » convie à une traversée dans plus de vingt ans de création qui n’a de cesse de redéfinir la place du spectateur, mélangeant les arts pour mieux les fondre dans une œuvre totale, libérée.
A Dunkerque, le LAAC rendait hommage à Marinette Cueco en organisant la première rétrospective d’envergure de l’artiste de 87 ans. Prenant pour point de départ le début de son travail sur le monde végétal, « L'ordre naturel des choses » propose, à travers un parcours thématique, de (re)découvrir une œuvre qui résonne étonnement avec la fragilité actuelle de notre monde.