Seule en scène, la comédienne Astrid Bayiha campe magistralement la militante du mouvement des droits civiques, membre du Black Panther Party et professeure de philosophie, et retrace, à travers son parcours, une histoire récente des États-Unis. Paul Desveaux met en scène le texte de Faustine Noguès dont la rage poétique répond à la puissance incantatoire de la musique de Blade MC Alimbaye.
À Marseille, la Friche la Belle de Mai accueille la première exposition monographique en France de la sculptrice britannique Dominique White. « Les cendres du naufrage », présentées par Triangle-Astérides, convoquent les mythes nautiques de la diaspora noire, associant afro-futurisme et afro-pessimisme. L’artiste interroge le pouvoir de l’État qu'elle envisage comme une hydre.
Des interrogations d’Édouard Louis nées de la collaboration avec Milo Rau qui conduiront le jeune auteur à renoncer à la scène, surgit un spectacle intérieur, une mise en abîme permanente. De la petite forme émane un grand spectacle porté par le comédien Arne de Tremerie dont la ressemblance confondante avec l'écrivain renforce un peu plus le sentiment troublant d'être entre fiction et réalité.
Au Théâtre de la Bastille, le collectif l'Avantage du doute dresse un hilarant portrait de la société contemporaine pour mieux en révéler ses maux. De l’anthropocène au patriarcat, de la collapsologie aux comédiennes mères ou non, du besoin de tendresse des hommes, « Encore plus, partout, tout le temps » interroge les logiques de puissance et de rentabilité par le biais de l’intime.
Au théâtre Vidy-Lausanne, Philippe Quesne orchestre un bal des fantômes dans un décor de pianos mécaniques à l'agonie. Pièce sans acteur, « Fantasmagoria » convoque apparitions spectrales et lanternes magiques, danses macabres et volutes de fumée instables et incantatoires, sous l’égide du maitre Robertson et ses dispositifs optiques. Envoûtant.
Sur la scène de l'Arsenic à Lausanne, Adina Secretan déterre l'affaire du Nestlégate quinze ans après les faits. Portée par deux comédiennes et basée sur la stricte parole des personnes concernées, « Une bonne histoire » convoque le flou et le brouillard pour tenter de ramener sur scène l’épaisseur et la complexité du réel.
À l’occasion du 50ème anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité en Norvège, la Fotogalleriet à Oslo rend hommage aux figures queer révolutionnaires nées avant 1970. « Queer Icons », fruit de rencontres menées par le photographe Fin Serck-Hanssen et les auteurs Bjørn Hatterud et Caroline Ugelstad Elnæs, contribue à la reconnaissance des généalogies queer dans l’histoire dominante.
L’exposition « Hope will never be silent », première monographie du couple argentin Chiachio & Giannone dans un centre d’art français, vient de s'achever au Transpalette à Bourges. En accueillant d’autres artistes sur le principe de famille choisie, elle esquisse aussi une généalogie queer locale dans la continuité de celles ouvertes au cours des précédentes manifestations du duo.
Dans une mise en scène à l'épure redoutable, Jacques Vincey se saisit des tremblements suscités par la puissance du texte de Marie NDiaye qu’interprètent trois comédiennes remarquables. « Les serpents », conte contemporain, se meut en récit funèbre dans lequel l’indicible dépasse la peur et la cruauté pour se loger dans l’obscurité du mystère un jour de fête nationale. Impressionnant.
Au Plateau, l’espace parisien d’exposition du Frac Ile-de-France, Bruno Serralongue s’empare de la déclaration des zapatistes dont il fait sien le titre, pour mieux composer un voyage parmi des individus et des collectifs en lutte, qu’il n’a cessé de photographier tout au long de sa carrière, invitant le visiteur à une rencontre avec l’autre dans ses combats.