À la manière d’un conférencier quelque peu déjanté, Pierre Maillet livre un seul-en-scène jubilatoire dans lequel il déconstruit les normes et stéréotypes de genre en entremêlant les thèmes de l’habitation et de l’identité sexuelle. Réactualisé l’an passé après sa création en 2007, « Habiter » de Patricia Allio est un formidable et insolent spectacle performé.
Au musée Jenisch à Vevey, Françoise Pétrovitch déploie une méditation plastique sur l’éphémère, l’intime et la fragilité de la présence humaine. « De l'absence » révèle l’univers de l’artiste dans lequel lavis, estampes et installations vidéo, explorent l'intime, l'adolescence ou la disparition, ses thèmes de prédilection, et dépassent les limites traditionnelles des arts graphiques.
À Saint-Nazaire, le Grand Café accueille le « ministère des passe-temps », exposition monographique de Benoit Piéron qui, depuis l’enfance, est habité par ses « maladies de compagnie » au point de construire un travail artistique dans lequel l’univers médical est omniprésent, redéfinissant son imaginaire, son rapport au temps et à la création.
Adapté du premier roman âpre et violent de Simon Johannin, magistralement interprété par Thierry Raynaud dans un seul-en-scène époustouflant, « L’été des charognes », mis en scène par Hubert Colas, dissèque la décomposition de l’enfance dans un village reculé où se concentrent la misère et les bêtes.
Au Théâtre de la Bastille, Céline Milliat-Baumgartner conte l’histoire de la petite fille qu’elle était lorsqu’à 8 ans elle perdit ses parents dans un accident de voiture. Seul-en-scène bouleversant adapté de son roman autobiographique et délicatement mis en scène par Pauline Bureau, « les bijoux de pacotille » se déploie comme une méditation poétique sur la mémoire, le deuil et la résilience.
À Marseille, le Mucem accueille « En piste », formidable plongée poétique dans l’univers du cirque et des arts forains imaginée par la metteuse en scène Macha Makeïeff, récit sensible de la piste aux étoiles où clowns et acrobates se déploient, entre fragilité et fantaisie, parmi les traces de spectacles disparus, du temps où la grande piste célébrait l’artiste en saltimbanque.
À Sète, le Crac Occitanie prolonge, avec l’exposition « Praesentia », l’expérience de l’œuvre de Myriam Mihindou en s’inscrivant dans le sillage de celle présentée au Palais de Tokyo à Paris cet hiver. L’artiste à la pratique curative aborde des sujets liés à l’identité, la mémoire, le langage ou le rituel à travers des œuvres qui sont autant d’espaces de réparation et de résilience.
Le metteur en scène Jacques Vincey se lance dans un projet au long cours, celui de restituer l’Odyssée d’Homère dans sa tradition orale. Dans une très belle scénographie qui place le public au plus près du récit, abolissant la scène et la salle, « Au cœur de l’Odyssée » instaure un dialogue à deux voix, entre celui qui est et celui qui conte. Saisissant.
L’artiste brésilien Paulo Nazareth crée en marchant, ancrant sa pratique dans les déplacements et le mouvement radical. À Bruxelles, le WIELS lui consacre une exposition qui revient sur 20 ans de création en 80 œuvres. « Patois/ Patuá » explore le langage et les objets en tant que mécanismes de survie, notamment pour les populations déplacées par l’histoire coloniale et les migrations globales.
En adaptant ses pièces en un spectacle unique à destination du jeune public, le collectif genevois Old Masters propose un étonnant voyage dans la réalité puissante, multiple et enchantée des enfants, une épopée mentale à la poétique délicieusement absurde. Ode au pouvoir de l’imagination, « La maison de mon esprit » abrite d’autres vérités que la nôtre.