Si aujourd’hui la substance des images, de toutes les images quelles qu’elles soient, n’a plus rien à voir avec la substance des images du cinématographe, il ne fait pas de doute que des traces du cinéma1…
demeurent dans certaines images du jour, et dans notre monde contemporain. Ce sont ces traces, subtiles, fugaces, ou bien souvent trompeuses, dont l’auteur de ces lignes entend faire désormais, au quotidien, à tout le moins sur un rythme hebdomadaire, la chronique.
Jour de grève dans l’Éducation Nationale. Témoignage d'un enseignant saisi d'effroi devant l’entreprise de destruction du collège. Dès la rentrée 2024, si la réforme du « Choc des Savoirs » est adoptée, et avec elle les « Groupes de Niveaux », ce sont deux générations de collégiennes et de collégiens qui seront d'emblée sacrifiées. Leur destin : la ségrégation scolaire.
Avec Verhoeven, au moins, une chose est sûre : il assume son désir de voir. Quant à montrer, c’est autre chose. Voir pour croire : c’est le seul sujet un tant soit peu suivi de cette pochade sadique – et pas vraiment saphique.
J’aimerais avoir le talent, éruptif plus que disruptif (mot fourre-tout déjà passé de mode), de Manny Farber. Je pourrais alors produire l’article hilarant – et hilare – qu’il aurait sans doute écrit dans le bruit et la fureur – et surtout à la vitesse de la lumière – s’il avait vu le dernier film de Carax. Article qui n’aurait qu’un rapport lointain avec les lignes qui vont suivre.
Deux nouvelles en l'occurrence : une bonne, une mauvaise. La bonne, c’est que le cinéma sait encore, de temps en temps, nous donner des nouvelles du monde présent. La mauvaise, c’est que ça n’intéresse pas grand monde.
Si en 1959, la modernité prend déjà un bon coup de vieux (Rossellini en vacances en Inde), on constate stupéfait que Pialat en 1971 est le plus grand des néo-réalistes, et Fazili (Midnight Traveler) confirme en 2020 que le cinéma est seul capable de témoigner de son époque et de la folie des hommes. Chapitre 1 : dialogue improvisé avec l'oncle Serge, à propos de Rossellini.
Vieille lune de la forme et du fond. L’un ne va pas sans l’autre : si la forme est creuse, l’œuvre est sans fond. Au cinéma, tout est dans la mise en scène. Il est bien possible que Chloé Zhao ait une farouche conscience politique. Pourtant, ses belles images sont vides. Et dégueulasses.
Contrairement aux apparences, 143, RUE DU DÉSERT n’a rien d’une œuvre conceptuelle. Si le film trouve un sens métaphorique, c’est malgré lui, parce que ses personnages vrais, au fil d’un montage simple et linéaire, nous donnent des nouvelles de notre humaine condition.
Guéri de son complexe de supériorité, de cet humour faussement potache, et franchement nihiliste, qui le poussait toujours sans hésitation aucune à régler leur compte à ses personnages, Quentin Dupieux nous revient apaisé. Mystérieusement serein. Son film baigne jusqu’à son dénouement dans une absence de signification.
Pourquoi publier l’image de soi ? Pourquoi chercher à devenir visible ? Et surtout : à quel prix ? Qu’est-ce qui se cache sous le « visible à tout prix » ? Dernier volet de la publication d’un ensemble refusé, avant de revenir bientôt à la question de la liberté critique, et de sa mise en péril.
Cet article à bâtons rompus se retourne librement vers quelques films de 2020. Son fil rouge : deux questions intimement liées au cinéma. Le présent. La croyance. Dans l’ordre : LA FEMME QUI S’EST ENFUIE ; LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT ; DAYS – volet 5 de la publication d’un ensemble refusé.