Arbre à gammes

La vie c’est comme les soldes. Ni reprise, ni échangée. C’est à moitié vrai. La vie est reprise.Pour les croyants, elle est reprise par Dieu. Et pour d’autres, par la terre, la mer, ou le vent. Dans tous les cas, une seule dernière adresse connue : la mémoire. Quand un être nous ressuscite sous sa poitrine. Restons dans le domaine des urnes. Pour quoi ont voté des millions de vies ?

C'est un peuple qui a souffert. Beaucoup plus que tous les autres réunis. La plus ancienne souffrance. Elle continue. La plus longue souffrance du monde. Celle de votre peuple ? Non. La souffrance du mien ? Non plus. Si vous connaissez ce peuple ? Bien sûr. Sa présence sur terre remonte à la nuit des temps. À quoi reconnaît-on ce peuple en souffrance?

Les cobayes n’ont pas grand-chose à faire. Si ce n’est suer, voter, consommer. Le reste du temps, ils sont toujours entre les mêmes mains. Décidant de leur destinée. Rien de nouveau sous le ciel de France. Et de la planète. Le peuple est une souris de labo. S’en échapper ? Impossible. Pourtant, il le faut. Vital pour chaque être de s’enfuir du grand labo. Pourquoi ?

Son corps est accroché sur le fil des saisons. Le temps du service. Avant d’être décroché et remplacé par un autre. Chaque jour, il s’effeuille. Surtout bien tenir son rôle. Juste de quoi donner le change. Rien de plus qu'une façade mobile. Pourquoi faire perdre son temps au temps ?

Femme d’ici depuis 9000 ans. De nos jours, certains emploieraient l'expression « de souche ». Sa terre natale ou venue d’ailleurs ? Personne ne peut donner la réponse. La certitude est qu’elle a vécu sous cette parcelle de ciel. Et qu’elle y est morte. Reposant sous la terre d'Europe. Avant que des chercheurs ne la découvrent. Une découverte qui allait servir le pire.

Son rire traverse le ciel étoilé. Je regarde le rosier. C’est lui qui nous a donné une bouture. Je suis assis. Seul. En apparence. La table est entièrement occupée. Par lui et d’autres. Tous ces fantômes qui sont le tissu d’une histoire. Des membres de sa famille ou des amis. Parfois, ils traversent la paroi du temps. Pour venir s’attabler à notre solitude.

Tout reste à faire. Pour réparer et améliorer le présent. En pensant à l’avenir. Léguer de l’espoir. Et du rêve. Mais une grande flemme. Écrasé à l’avance par le poids de tout ce qui reste à faire. En soi et dans le pays. Sans oublier l’Europe et le monde. Le bordel partout. Dedans et dehors. Par quoi commencer ?

Ego léger exigé au Bar de l'humilité. Pour la clientèle de passage et les habitués. Si votre ego est trop débordant ? Pas de souci, si vous le muselez. C'est trop compliqué ? Dans ce cas, ici, ce ne sera pas possible. Mais d’autres établissements peuvent vous accueillir avec votre ego. La grêle brune est passée... Et si nous mettions nos egôches sur la table.

Même s’il fait nuit ce matin. Sous des millions de peaux. Dehors, rien n’aura changé. Même décor. Une minorité se réveillera sans grande inquiétude.Très peu de changements pour elle.Et en cas de réelle inquiétude, la planète entière est abordable d’un clic. La CB reste le meilleur des passeports. Et issue de secours. Contrairement à la majorité confinée ici. Quoi qui se passera...

Hors d’atteinte. Pour elle, c'est un dimanche comme les autres. Ni meilleur, ni moins bon. Lundi sera semblable à un autre jour. Le monde peut s’écrouler. Elle continuera de vivre dans son sillon à elle. Imperturbable. Toute l’humanité peut s’entretuer. Sa journée sera toujours rythmée par les mêmes tâches. Que la météo pouvant l’inquiéter.