Rassurante récurrence de la rentrée des classes. Sans doute un des derniers liants dans le chaos actuel. Même si on sait que l’égalité des chances est un leurre. Pas la même école selon son quartier et ses origines. Gosse de prolos ou de bobos pas logés à la même enseigne républicaine. Mais, à cet instant précis du retour à l'école, une magie s’opère. La trêve de la rentrée ?
Un courrier-poème remontant à un demi-siècle. Mais jamais envoyé. Quelques lignes sur un cahier d’écolier. Rédigées une nuit d’insomnie. Seul dans la cuisine. Les mots d’un insomniaque d’une dizaine d’années. Aucune trace de cette lettre. Une de mes premières expériences d’écriture. Que pouvait contenir ce courrier ? Sans doute l’inquiétude du lendemain.
Un regard électrifié. Elle dévisage B. Des yeux sans mots. Mais B sait. Elle aussi. Nul besoin de parler. Si cette femme avait des super-pouvoirs, elle transformerait le siège de B en chaise électrique. Pour lui administrer la peine capitale en direct. Elle doit s’approcher de la quarantaine. L’âge de ses enfants. Une jolie femme souriante. Sauf quand elle pose son regard électrifié sur B.
Nos racines dans nos émotions. Quel que soit le lieu où nous nous trouvons. Sur terre, dans l’eau, sur du sable, sous des draps, dans une gare, devant un écran… Elles sont présentes partout avec soi. Des racines de chair et d’os. Les émotions restent le drapeau d’un pays unique. Le sien. Un pays irremplaçable. Et mobile. Notre corps.Le premier et dernier de nos domiciles connus.
Le regard d'une vieille enfant. Face à son jouet brisé. Elle ne peut le réparer. Impossible. Personne ne pourra le recoller pour lui offrir une nouvelle existence. À jamais foutu. Pourtant, elle y croit encore. Je suis là, ne m’oubliez pas. Ne me laissez pas moisir dans l’ombre. Une supplique humide entre ses paupières. Tristesse et violence. Son jouet cassé c’est elle.
Toujours agréable de croiser de la beauté. Surtout en cette période où la laideur, la violence, la haine, et d’autres saloperies, occupent le haut du pavé numérique et de la réalité quotidienne. Après notre échange, nous nous saluons. Lui pour se doucher d’une journée de boulot. Et moi sur le fil des vacances. Je grimpe sur mon vélo. Avec dans la tête, une bonne nouvelle. Et la joie d’un regard.
Silence dans mes bagages. C’est ce que je vais emporter d'ici. Une caravane posée depuis plus de trente ans sur un mouchoir de terre. C’est l’héritage de mes parents. Mon père y passait des heures à pêcher. Tandis que ma mère édifiait des sculptures de pierres. J’y viens le plus souvent possible. Ressuscitant les cannes à pêche paternelles. Bientôt le retour. Quelle sera la sauce de ma rentrée ?
S’assoir à côté d’eux ?
Il a très envie.
Respirer leur présence.
Tu as mangé ?
Il va répondre oui.
La table va insister.
Il va refuser.
S’assoir sur un banc.
Face à la table.
Allumer une cigarette.
Le fera-t-il aujourd’hui ?
C’est un homme de couleur.
Pas n’importe laquelle.
La couleur des riens.
Elle ne s’affiche pas.
Présente derrière sa face.
Combien pèse son histoire ?
Répétition du chaos. C’était le premier titre de ce billet.Trop ronflant. Néanmoins,le sujet est bien la répétition du chaos. La propension des humains à reproduire de l’abominable. Retour toujours à la case destruction. Le chaos qu’un très grand auteur a si bien décrypté au siècle dernier. Une analyse au scalpel.Un homme à cheval sur deux siècles.Ses mots encore dans le cambouis de l'actualité ?
Rue du Silence. Des individus y ont leur adresse. Avec un facteur qui vient garnir les boîtes aux lettres. Des existences au quotidien dans un village. Où se situe-t-il ? Sous le ciel de l’instant. Pour y accéder ; d’abord se perdre. Après la Rue du Silence, celle des couleurs. Et de la matière.