Collaborateur de Justice et Paix France, militant des droits humains, observateur indépendant et autodidacte passionné de la vie politique indonésienne.
Paris - France
Ni Rousseau ni Voltaire n’ont jamais mis pied en Papouasie. Et pourtant, leurs idées y résonnent aujourd’hui avec une acuité troublante. Car c’est précisément là, à des milliers de kilomètres de l’Europe des Lumières, que les promesses de liberté, de raison et de justice sont mises à l’épreuve.
Soixante-dix ans après Bandung, que reste-t-il de l’élan anticolonial unissant les nations du Sud ? Alors que l’Indonésie affirme sa place internationale, des voix, notamment en Papouasie occidentale, réclament justice et reconnaissance. Entre héritage et contradictions, un appel à raviver l’esprit de Bandung, par les États et les citoyens du monde.
Au début du XIXe siècle, la France napoléonienne redessine l’Europe. La Hollande, affaiblie, devient République batave (1795), puis Royaume de Hollande sous Louis Bonaparte (1806), avant d’être annexée à l’Empire en 1810. Ce changement géopolitique affecte directement les Indes orientales néerlandaises (actuelle Indonésie).
Institution redoutée et controversée, l’armée indonésienne (TNI), née de la lutte pour l’indépendance, incarne à la fois la souveraineté nationale et un paradoxe : accusée de violations des droits humains, elle reste un pilier de rigueur, de méritocratie et de stabilité dans une société marquée par des tensions religieuses et identitaires.
Longtemps saluée comme un modèle démocratique en Asie, l’Indonésie, premier pays à majorité musulmane à adopter un régime parlementaire dans les années 1950, faisait figure d’exception dans une région marquée par l’autoritarisme et l’instabilité postcoloniale. Aujourd’hui, la plus grande démocratie d’Asie du Sud-Est semble toutefois entrer dans une phase de régression inquiétante.
En 2008, Zazie visite la Papouasie occidentale dans une émission télévisée qui montre une culture exotique mais ignore les réalités douloureuses du terrain. Cette tribune interroge le rôle des artistes face au silence imposé à un peuple, et rappelle que l’émotion ne doit jamais faire oublier ceux qu’on empêche de parler.
Depuis plusieurs années, une guerre à bas bruit ravage la région d’Intan Jaya, dans la province Indonésienne de Papua Tengah, en Papouasie occidentale. Derrière ce nom éloigné et peu médiatisé se cache une réalité tragique : des villages incendiés, des civils tués, des milliers de personnes déplacées… et un gisement d’or, le Wabu Block, au cœur d’un conflit meurtrier.
Alors que la France revendique sur la scène internationale une diplomatie fondée sur les droits humains, le multilatéralisme et la paix, ses choix en matière de coopération militaire racontent une tout autre histoire. En témoignent les récents contrats d’armement signés avec l’Indonésie, un État accusé de violations graves et répétées des droits fondamentaux en Papouasie occidentale.