En réaction directe à la guerre, la metteuse en scène polonaise Marta Górnicka compose le chant puissant d’un chœur de mères réunissant une vingtaine de femmes ukrainiennes, biélorusses et polonaises. Avec « Mothers. A song for wartime », les survivantes de guerre prennent la parole et donnent à entendre la voix comme instrument de résistance. Impressionnant.
Le Kunstmuseum de Bâle revient sur cent ans de peinture figurative sur le continent africain. Avec cent-cinquante œuvres de cent-vingt artistes, l’exposition « When we see us » se veut représentative d’une nouvelle perception de soi et de l’autodétermination d’artistes noirs après un siècle dominé par le canon artistique blanc.
À Lausanne, la Collection de l’Art Brut consacre une première exposition monographique à l’artiste suisse Clemens Wild qui, depuis une quarantaine d’années, compose une œuvre se lisant comme un commentaire sur le travail de soins à travers une galerie de portraits de femmes aux destins cabossés que son œuvre sort de l’invisibilité sociale.
Au Théâtre du Nord où elle est artiste associée, Éva Doumbia met en scène l’histoire méconnue des tirailleurs sénégalais exécutés par les Allemands en juin 1940 dans « Chasselay et autres massacres », mêlant aux récits des soldats ceux des villageois qui n’avaient jamais vu de Noirs auparavant. La pièce dépasse le théâtre pour composer un hommage réparateur et nécessaire.
Sur une scène dédoublée, Gurshad raconte Dany et Dany raconte Gurshad. À la faveur d’un dispositif de casque audio muni de deux canaux, le public navigue entre leurs deux voix. Entre instantanés de voyage et portrait intime, « Sur tes traces » raconte la difficile construction de soi lorsqu’on est homosexuel, qu’on grandisse en Iran ou sur les rives isolées du Lac Saint-Jean au Québec.
Retour sur l’exposition monographique que le Frac Picardie à Amiens consacre à Massinissa Selmani et à ses formes dessinées. Intitulée « L’un sans l’autre », l’exposition propose une traversée dans le travail de l’artiste, offrant une lecture globale d’un art qui explore, avec une poésie teintée d’ironie, l’interstice qui se joue entre la réalité et la fiction.
Au Théâtre national de Bretagne à Rennes où elle est artiste associée, Julie Duclos met en scène « Grand-peur et misère du IIIe Reich » que Brecht écrit au moment où le régime nazi s’impose en Allemagne pour montrer la terreur et la misère qu’il engendre. En interrogeant les mécanismes de la montée du fascisme, la pièce se fait étonnement actuelle.
L’autrice-metteuse en scène-performeuse espagnole Angélica Liddell est de retour sur la scène de l’Odéon à Paris pour y présenter avec sa radicalité habituelle, une humanité nue, sans far ni masque, aux corps vieillis, flétris, déjà dysfonctionnels. Avec « Damön El funeral de Bergman », l’artiste déclare son amour à Bergman et se rapproche un peu plus de la mort. Vertigineux.
À Paris, la Maison européenne de la photographie consacre à Thomas Mailaender sa première grande exposition rétrospective. Carte blanche subversive et hilarante, « Les belles images » proposent une plongée dans l’œuvre de l’artiste marseillais qui s’approprie des images photographiques préexistantes, sous-estimées ou ignorées, pour mieux les révéler en tant qu’œuvres d'art.
Pour sa deuxième édition, De Renava – La Biennale de Bonifacio et de l'Alta Rocca interroge les mécanismes de la chute des Empires, passage inéluctable de la remise en question de toute civilisation. « Roma Amor » réunit les œuvres d’une vingtaine d’artistes internationaux aux côtés de celles des créateurs corses émergents, entre décadence et émancipation.