Sur la scène du Théâtre Silvia Monfort à Paris, Patricia Allio convoque une agora citoyenne pour porter l'acte d'accusation contre la nécropolitique migratoire de l'État français et des États européens. « Dispak Dispac'h », spectacle documentaire, active la parole pour créer un espace de résistance propice à réveiller une prise de conscience fondamentale à la survie de l’idée même d’humanité.
Louidgi Beltrame se rend au Pérou depuis 2012. Il s'intéresse aux huaqueros qui utilisent un corpus de techniques magiques pour repérer les sépultures précolombiennes. Au Credac à Ivry-sur-Seine, « La huaca pleure » réunit une nouvelle production d'encres sur papier et de films de l’artiste pour proposer une lecture inédite de cette activité clandestine et du réseau qu'elle engage.
Seules sur scène, Lina et Sarah évoquent leurs souvenirs d’enfance. Écartelées entre deux cultures, deux territoires, ceux du bassin minier du nord de la France où elles sont nées et ont grandi, et de l’Algérie, terre ancestrale dans laquelle est enterré leur père, elles retracent leur vécu, tentent de comprendre les silences, de dire ce que cela signifie d’être arabe en France aujourd’hui.
Le Frac Sud à Marseille consacre une exposition inédite au danseur et chorégraphe Boris Charmatz, qui fait des incursions dans l'art contemporain depuis ses débuts. Désormais à la tête du mythique Tanztheater de Wuppertal, la maison de Pina Bausch, il retrace ici ses recherches chorégraphiques à travers un ensemble de films réalisés tout au long de son parcours.
Au Théâtre La Flèche à Paris, Louise Belmas est seule en scène pour affronter des souvenirs qui ne sont sans doute pas les siens. Spectacle hybride entre concert et stand up, « I. R. (Impulse response) » fait la part belle à l’autodérision et à une délicate mélancolie, brouillant les formes et les identités pour affirmer sa pensée queer. Une révélation.
David Geselson s’empare de la génétique pour évoquer les origines de l’homme, métaphore de notre propre quête d'identité. Mêlant science, histoire et récits intimes, « Neandertal » suit un groupe de scientifiques qui s’est donné pour mission de déchiffrer des fragments d’ADN ancien. Qui sont-ils ? Qu’est ce qui les pousse à faire parler le silence ? Brillant.
Au MAC VAL, Matthieu Laurette est revenu sur trente ans de création artistique dans une rétrospective qui inclut aussi un ensemble d’œuvres et interventions nouvelles. Utilisant l’industrie du divertissement comme matière première et les médias comme moyen de production et de diffusion, il interroge la valeur des choses et le rôle de l’artiste à l’heure de la société du spectacle.
Show musical trash à paillette, « Showgirl » est l’histoire d’une comédienne qui incarne une comédienne qui incarne une danseuse de pole-dance. C’est aussi l'histoire d’une réhabilitation, celle du film de Paul Verhoeven qu’adaptent très librement Jonathan Drillet et Marlène Saldana, cette dernière incarnant tous les rôles. Une savoureuse leçon d’empowerment à l’heure de #metoo.
À Lausanne, le musée cantonal des Beaux-Arts revient sur l’émergence de la pratique immersive qui s’impose comme l’un des modes d’expression majeur du champ artistique à la fin du siècle dernier. Lucio Fontana, Judy Chicago, Robert Morris, quatorze environnements immersifs datant de 1949 à 1969, invitent à une appréhension multisensorielle de l’espace.
Trop longtemps réduite à la photographie de mode, l'oeuvre de Deborah Turbeville défie pourtant toute classification. À Lausanne, Photo Élysée revient sur un aspect méconnu de sa pratique : les collages à la main réalisés sur quatre décennies. Entre journal intime et montage cinématographique, ils forment un corpus intemporel et mélancolique, unique.