La Fondation A à Bruxelles propose une vision contemporaine de Johannesburg, ville de complexité et de contradictions, portant en elle les cicatrices de l’apartheid. « What’s the Word? Johannesburg! » fragmente la ville, la réinvente, la fait vibrer à travers les regards d’une génération née après la chute du régime ségrégationniste.
Dans « Héritage », Cédric Eeckhout tisse un dialogue mère-fils qui transcende l’autofiction pour interroger ce que signifie hériter dans une époque fracturée. Œuvre théâtrale d’une immense douceur, la pièce fait de l’intime le creuset d’une réflexion universelle sur la transmission, l’émancipation et les combats silencieux.
Julien Gosselin adapte l’œuvre oubliée de Léonid Andréïev pour en faire une fresque hallucinée, une méditation fiévreuse sur la disparition, celle de l’humanité, celle du théâtre lui-même. « Le Passé », spectacle monumental nous plonge dans les abysses d’une Russie prérévolutionnaire, où les âmes se noient dans un passé qui n’en finit pas de hanter le présent. Brillant.
À Marseille de nos jours, un jeune homme est déchiré entre son désir de partir explorer le monde et son attachement à sa petite amie et à son père. Joël Pommerat réinvente Pagnol en adaptant librement « Marius », y insufflant une gravité nouvelle, marquée par les thèmes de l’enfermement, de la liberté et des conflits intimes. Remarquable.
À Théâtre Ouvert, Laurène Marx déploie le « Portrait de Rita » servi par la formidable Bwanga Pilipili, portrait en creux, non pas d’une femme, mais d’un système qui broie les corps et les âmes avec une mécanique bien huilée, invisible aux yeux des privilégiés. Ce qui va suivre ne laissera personne indemne.
À Saint-Nazaire, Lou Masduraud transforme le Grand Café en un organisme vivant. Avant les travaux de rénovation du centre d’art contemporain, l’artiste opère un gigantesque strip-tease du bâtiment, une archéologie sensible réactivant les mémoires enfouies de ce lieu chargé d'histoires industrielles, ouvrières et artistiques.
Le musée des beaux-arts de Caen explore l’horizon, cette ligne fuyante, insaisissable, qui devient le fil d’Ariane d’une exposition titanesque. Odyssée visuelle à travers six siècles de création artistique et une centaine d’œuvres, « L'horizon sans fin » invite à reconsidérer la ligne, à la fois existentielle, imaginaire, matérielle, sensible.
Le Frac Sud à Marseille présente le « fil de chaîne », exposition monographique d’Éléonore False, qui se déplie à la manière d’une grande installation. Réunissant sept séries d’œuvres, elle s’affirme comme une rétrospective d’une ampleur inédite, une plongée dans une décennie de recherches autour de l’image et de ses imaginaires.
À Sion, pour la 2ème édition de la Biennale Son, la Grange de la Ferme-Asile accueille « Always Night » de Pauline Boudry et Renate Lorenz, installation au geste radical, où le son devient un espace de résistance, de plaisir et de réinvention collective, à la faveur d’un DJ set de l’activiste transgenre Chelsea Manning dans le club queer berlinois SchwuZ, vidé de ses danseurs.
Première grande exposition française de l’artiste afro-américaine Mickalene Thomas, « All about love » déploie, aux Abattoirs de Toulouse, plus de deux décennies de création. Peintures monumentales, collages, photographies, vidéos et installations composent un parcours vibrant, dans lequel l’amour est envisagé comme un acte d’émancipation et de rébellion. Puissant.