Le musée Reina Sofía à Madrid célèbre l’œuvre puissante de l’artiste afro-cubaine Belkis Ayón fascinée par la société secrète exclusivement masculine des Abakuá au point d'en faire l'unique sujet de ses gravures de grand format, leur inventant tout un univers visuel. Cette première rétrospective européenne révèle l'immense talent d'une artiste prolifique, disparue à l'âge de trente-deux ans.
Changer la compréhension du monde par le partage d’enquêtes sur le terrain. À La Commune CDN d'Aubervilliers, la pièce d'actualité n°17 est aussi la pièce journalistique n°1. Etienne Huver et Jean-Baptiste Renaud ont enquêté sur la route migratoire la plus dangereuse du monde. À l’heure de la solidarité ukrainienne, la Méditerranée n’en finit pas de tuer et nous regardons ailleurs.
Marquée par la rapide évolution politique du Brésil, Christiane Jatahy revisite « Dogville » de Lars von Trier pour démontrer par l’expérience la déconcertante capacité de l’humanité au fascisme. « Entre chien et loup » met en scène les mécanismes de défiance puis de domination d'une petite communauté accueillant une étrangère qui fuit la dictature de son pays.
Olu Ogunnaike s'intéresse aux bois et à la mémoire qu’ils referment. Pour sa première exposition en France, l'artiste britannique fait parler celui qui forme le squelette du Capc, ancien entrepôt réel des denrées coloniales de Bordeaux, pour en extraire les histoires. Derrière son esthétique minimale, « Miettes » esquisse une subtile histoire de décolonisation, entre cendres et cannelle.
Madrid célèbre l’art plastique et chorégraphique de La Ribot, enfant de la Movida, dans une exposition où le corps occupe le centre de sa pratique transdisciplinaire. « A escala humana » convie à une traversée dans plus de vingt ans de création qui n’a de cesse de redéfinir la place du spectateur, mélangeant les arts pour mieux les fondre dans une œuvre totale, libérée.
A Dunkerque, le LAAC rendait hommage à Marinette Cueco en organisant la première rétrospective d’envergure de l’artiste de 87 ans. Prenant pour point de départ le début de son travail sur le monde végétal, « L'ordre naturel des choses » propose, à travers un parcours thématique, de (re)découvrir une œuvre qui résonne étonnement avec la fragilité actuelle de notre monde.
Martine Aballéa investit la grande halle des Tanneries, centre d’art contemporain d’Amilly dans le Loiret, pour y installer un laboratoire imaginaire, cœur d’un dispositif irrigué de mille récits. « Résurgence », installation réalisée in situ aux couleurs roses et bleues de l’artiste, déploie sa grande vague textile indigo ondulant au-dessus des anciennes cuves de tanneurs.
À partir du dernier hommage qu’un groupe de proches est venu rendre à Galia Libertad, fille d’immigrés et ouvrière au siècle dernier, Carole Thibaut tisse les fils d’une comédie humaine qui s’inscrit dans l’histoire sociale, culturelle et politique de Montluçon, petite ville du centre de la France, au XXè siècle. « Un siècle » scrute les remous de l’Histoire sur les destins de trois générations.
Retour sur la récente double actualité de la sculptrice française installée à Bruxelles où les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique invitaient à une traversée dans treize années de création tandis que l'Abbaye de Maubuisson évoquait avec « les éloignées » le travail sur l’exclusion des femmes au XIXè siècle. Deux expositions qui parlent de résistance humaine et de résilience.
En portant à la scène le texte de l’auteur catalan Joan Yago, le collectif le Grand Cerf Bleu sème le trouble dans nos certitudes. « Brefs entretiens avec des femmes exceptionnelles » fait entendre cinq paroles de femmes en rupture avec la norme sociale. Leurs propos, sans langue de bois, illustrent des problématiques paradoxales actuelles et invitent à interroger nos propres contradictions.