A Bruxelles, l'artiste afro-américain Kehinde Wiley présente un ensemble de cinq vitraux où il reprend à son compte l'iconographie chrétienne d’ordinaire dévouée aux puissants pour héroïser la communauté afro-américaine marginalisée dans la société américaine et énonce une critique politique de notre modèle sociétal tout en confessant son attrait pour les symboles de son pouvoir.
En posant un double regard sur l'antique cité d'Ithaque, Christiane Jatahy propose une lecture contemporaine de l'Odyssée d'Homère où les corps des héros se confondent avec ceux sans vie de migrants échoués sur les rives européennes de la Méditerranée, emportant avec eux les idéaux démocratiques hérités de la Grèce ancienne. Formellement, Jatahy n'en finit pas de nous transporter.
Au Théâtre de la Bastille, le danseur et chorégraphe espagnol Salva Sanchis tire sa révérence en rendant au corps son aptitude à l'intuition grâce aux pulsations d'une hypnotique musique techno. Création ultime, "Radical light" réussit la fusion des mouvements extatiques de la danse spontanée avec ceux, ultra-codifiés, de la danse formelle, exprimant ainsi le plaisir physique de danser.
Au 104, la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues offre à ses danseurs la possibilité de traverser le chef-d'oeuvre de Maguy Marin. A mi-chemin entre la danse et le théâtre, il révèle une humanité malade qui doit lutter contre ses propres démons, formidablement interprété par les étudiants de l'école libre de danse de Maré, au Brésil.
A la galerie RX, l'exposition « Espace liminal » réunit deux séries photographiques de l'artiste espagnole Anna Malagrida évoquant la ville en tant que lieu de combat politique. "Los muros hablaron" et "Cristal House" reflètent l'engagement de la photographe, son entrée en résistance face aux tentatives d'effacement de la parole d’un peuple ou l'acceptation d'une communauté des invisibles.
Au Théâtre Dunois, «Pourquoi les riches», la nouvelle création théâtrale de la Cie Vaguement compétitifs, manie avec humour et poésie les travaux des Pinçon-Charlot pour dénoncer la violence des riches dont l'Etat semble désormais tributaire. Destinée au jeune public et fortement conseillée aux adultes, elle invite à la réflexion en réveillant une pensée critique.
La Maison Rouge rend un vibrant hommage à l'artiste rom Ceija Stojka (1933 - 2013), rescapée des camps de la mort qui, à cinquante-cinq ans, s’est inventée une pratique artistique pour témoigner de l'ineffable : la mort programmée d'un peuple par le régime nazi. Son œuvre graphique riche d'un millier de pièces s’impose comme le gardien contre l'oubli du sort réservé alors à la communauté tsigane.
A la Cité internationale des arts, la première édition de "Correspondance" permet de découvrir le travail subtil du photographe colombien Andrés Baron dont les troublants clichés ébranlent nos certitudes. Rappelant que la réception des images varie selon son contexte socio-culturel, il nous invite à en réapprendre la lecture.
Poursuivant sa tournée Hexagonale, "Nous sommes repus mais pas repentis" plonge de façon magistrale le spectateur dans l'univers de Thomas Bernhard dont les obsessions filtrées par le regard singulier de Séverine Chavrier illustrent parfaitement le climat étouffant d'aliénation qui règne dans cette maison de famille bouleversée par le retour d'un frère. Un spectacle époustouflant.
Reprise de "Bovary" au Théâtre de la Bastille où Tiago Rodrigues s'empare du procès intenté à Flaubert pour convoquer sur scène l'histoire d'Emma Bovary. En présentant le récit tour à tour du point de vue de l'avocat impérial puis de la défense dans une véritable joute verbale, il interroge l'immunité de l'art. Doit-on limiter légalement tout acte de création?