Pour le festival des écoles de théâtre public, Tiago Rodrigues met en scène les étudiants de la HEADS de Lausanne dans seize lettres de rupture qui sont autant de variations pour seize comédiens, un voyage où rien ne se passe comme prévu. Drôle, poétique et kafkaïen, le conte se fait politique lorsque il évoque Lisbonne après la crise, où les touristes ont remplacé les habitants.
Artiste rare, figure majeure de l'hyperréalisme américain, John DeAndrea présente une dizaine de sculptures à la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois. Pour sa première exposition parisienne depuis trente ans, il crée le trouble par la seule présence de ces corps sculptures. Ces leurres au réalisme confondant sont-ils des utopies ou des vanités?
Témoin d'un incident nucléaire dans les années soixante-dix, le photographe Robert Adams décide de documenter ce que pourrait être un désastre environnemental majeur. Publiée en 1983, la série « Our lives and our children », présentée actuellement à la Fondation Henri Cartier-Bresson, rend compte d'une Amérique en sursis, prise en étau entre consumérisme et catastrophisme.
A Alfortville, Gwenola Wagon et Stéphane Degoutin scrutent les métamorphoses du monde post-internet. Leurs films, réalisés par montage d'images glanées sur le web, inventent une nouvelle manière de penser la société. "Forêt thérapie" explore nos rapports à la nature et aux nouvelles technologies, questionnant notre place face à des systèmes de données de plus en plus performants.
À Besançon, le FRAC Franche-Comté revient sur l’oeuvre magistrale de l’artiste autrichien Lois Weinberger dont la démarche botaniste et écologue s’organise autour de la société des plantes, reflet de celle des hommes. « L’envers du paysage » revendique la libre circulation des mauvaise herbes pour mieux proclamer l'avènement de la société rudérale.
En ce printemps hautement symbolique, le Théâtre de la Bastille invite à la réflexion en réactivant le principe initié en 2016 par Tiago Rodrigues de penser autrement le théâtre en l’habitant. Cultivant l'incertitude, le bien nommé Collectif l'Avantage du doute occupe la Bastille, questionnant avec humour et poésie les futurs possibles d'une époque déroutante.
A la Galerie Sator, les dessins au réalisme troublant d'Eric Manigaud prennent le contre-pied des commémorations de mai 68. Revenant sur les exactions policières qui ensanglantèrent les manifestations algériennes de l'automne 1961 à Paris, il compose une tragédie de la honte rappelant que le souffle de la liberté n'est pas le même pour tous.
Avec "Longwy Texas", Carole Thibaut raconte par l'intime le bassin minier lorrain en confrontant les souvenirs sublimés de la petite fille qu'elle était à l'implacable historicité des archives familiales. Dans ce récit de la fin d'un monde où la sidérurgie assurait la fortune locale, la domination masculine niait aussi aux femmes une existence propre. Bouleversant.
A Photo London, la galerie des filles du calvaire présentait une trentaine de Polaroids de la photographe Corinne Mercadier. Ces pièces uniques pour certaines inédites, furent réalisés entre 1987 et 2002. L’occasion de revenir sur ces instantanés qui ont été au cœur des compositions de l’artiste et qui tiennent encore aujourd'hui une place à part dans son imaginaire.
Depuis 2013, la Cie Sans la nommer raconte l'usine en confrontant la mémoire collective aux réalités des vécus individuels. De cette démarche théâtrale documentaire pensée en lien avec le quotidien des territoires abordés, deux formes courtes: "Usine vivante" et "Maothologie" sont présentées à Paris et en Ile-de-France, en mai. Loin des commémorations, la parole est aux ouvriers.