"La construction historique est consacrée à la mémoire de ceux qui n’ont pas de nom" (Walter Benjamin). "L’histoire est la science d’un changement et, à bien des égards, une science des différences" (Marc1…
Bloch). L'image est prise au coeur du monument-mémorial de Portbou dédié à Walter Benjamin ("Passages", de Dani Karavan).
En Suisse dans le cadre des élections nationales (fédérales), une dernière circulaire de propagande électorale a été adressée à l'ultime moment à tous les ménages. Elle débordait de préjugés racistes, de propos haineux et d'amalgames douteux. Et finalement, le plus grand parti de Suisse, gouvernemental et d'extrême droite par ses campagnes, a obtenu 28,6% des suffrages (+ 3%).
Septembre 1973. Cinquante ans tout juste après la grande mobilisation des Lip, la question se pose à la fois de sa signification pour aujourd'hui, entre mise à jour de possibles et amertume sociale d'une défaite, et de la manière dont nous nous en souvenons. Et cinquante ans, c'est aussi l'occasion que des générations différentes en parlent.
Les anniversaires des faits marquants, ou pas, du passé, se commémorent, ou pas. Chaque pays a ses habitudes en la matière, qui n'évoluent guère. Or, ce qui fait sens dans ce qui est commémoré, ou pas, se situe d'abord et forcément dans le présent. Avec aussi l'influence des anniversaires en 10 ou en 25. Comme pour ce 8 septembre (Italie), ce 11 septembre (Chili), ce 12 septembre (Suisse).
« Des élèves à la conquête du passé » : ce beau titre est celui d’un petit ouvrage qui est en même temps un magnifique témoignage raisonné sur une expérience d’enseignement de l’histoire innovant et possible à l’école primaire.
En Suisse, l'Union Démocratique du Centre porte mal son nom. D'un parti agrarien qu'il était à l'origine, il est devenu un parti d'extrême droite par ses positionnements et campagnes. Maintenu malgré tout de façon inamovible dans le gouvernement de concordance, banalisé et euphémisé, c'est le parti qui recueille le plus de voix...
En Suisse, une officine de la Société d'utilité publique défend l'idée que « les récits créent la réalité ». Elle a financé et publié une étude très discutable sur les récits politiques dominants. À l'heure des fausses nouvelles, cette complaisance à l'égard des mythes et du relativisme dénigre l'histoire, les sciences sociales et la préservation des droits humains.
Le journaliste Andrea Purgatori vient de décéder. Parmi ses enquêtes emblématiques, il y a la tragédie d'Ustica de 1980 et ses 81 morts dont les responsables demeurent inconnus. Il aura certes contribué à déjouer dépistages et mensonges: l'avion civil a bien été abattu par un missile. Mais la mémoire traumatique se trouve toujours fragilisée par les départs des témoins ou des enquêteurs.
Cette année encore, cette année tout particulièrement, le sens de la Journée de la mémoire peut être interrogé alors même que le temps présent en restitue l'urgence de la plus grave des manières.
Rien n'indique à ce jour, après les cinq vagues de l'année écoulée, que la crise pandémique touche à sa fin. En revanche, la capacité de la société et des autorités à oublier le passé même immédiat ne manque pas d'interroger. Comment, dès lors, pour tout un chacun, s'informer et se situer avec discernement face aux narrations caricaturales du rassurisme et du déni? Notamment en Suisse.
Le 9 novembre 1932, à Genève, des autorités conservatrices ont préféré protéger une réunion (philo)fasciste au ton antisémite en interdisant une manifestation populaire de protestation. Et elles ont mobilisé la troupe qui a tiré sur la foule, faisant 13 morts et des dizaines de blessés. Un drame de la complaisance envers le péril fasciste s'est ainsi joué.