"La construction historique est consacrée à la mémoire de ceux qui n’ont pas de nom" (Walter Benjamin). "L’histoire est la science d’un changement et, à bien des égards, une science des différences" (Marc1…
Bloch). L'image est prise au coeur du monument-mémorial de Portbou dédié à Walter Benjamin ("Passages", de Dani Karavan).
Le centenaire de la marche sur Rome survient dans un contexte qui est préoccupant. Notamment avec la récente intronisation d'une présidente du Conseil néofasciste en Italie. Mais le sens possible de cet événement n'est pas d'aller chercher dans le présent des signes de sa répétition. Parce que c'est un autre après-guerre qui a produit le néofascisme dont Meloni ne s'est pas départie.
L'exposition "La nouvelle menace" qui a été présentée à l'Université de Genève nous sensibilise avec raison à nos biais cognitifs face à l'incertitude d'une urgence sanitaire. Elle rate toutefois son but en ne promouvant que l'importance du doute sans faire valoir en même temps l'importance des faits dûment établis dans la quête de la vérité et la détermination de l'action (collective).
Le 1er août 2022, jour d'une fête nationale helvétique fondée sur des mythes et des valeurs conservatrices, Marco Chiesa, président du premier parti de Suisse, de droite extrême, a enchaîné deux discours patriotiques bien distincts, exprimant différemment un projet politique nauséabond, dangereux pour les droits humains et beaucoup trop banalisé.
[Rediffusion] L'histoire de cette jeune résistante juive assassinée par les nazis aux portes de Genève alors qu'elle cherchait à y faire passer des enfants en grand danger est peu connue du côté de la frontière où ils trouvaient leur salut. L'absence de mémoire, ce n'est pas seulement l'oubli, c'est aussi, c'est d'abord l'ignorance et l'indifférence.
Le doctorat honoris causa attribué en 1937 à Mussolini par l'Université de Lausanne a une nouvelle fois été mis en discussion dans l'espace public. Un Groupe de travail a étudié la question et formulé de bonnes propositions. Mais sont-elles suffisantes ? Permettent-elles vraiment de désactiver le potentiel de nuisance pour le présent et l'avenir de ce titre honorifique injustifiable ? Pas sûr.
[Rediffusion] Le 10 février est la Journée du Souvenir dédiée aux Italiens et à toutes les victimes d'exécutions à la frontière italo-orientale. Cette année encore, elle a surtout porté sur les seules victimes italiennes et occulté les crimes fascistes, une circulaire du Ministère de l'Instruction diffusée dans les écoles assimilant même ces victimes aux juifs détruits dans la Shoah.
Vingt ans après la publication des travaux de la Commission Indépendante d’Experts Suisse – Seconde Guerre Mondiale (CIE) sur l'attitude des autorités et élites économiques suisses face au national-socialisme, le récit du refoulement en décembre 1943 de la sénatrice à vie italienne Liliana Segre incarne la nécessité de ne pas laisser l'oubli et l'occultation reprendre le dessus.
Les mots du mal sont souvent difficiles à manier. Au cours de l'actuelle pandémie, fallait-il user d'un langage militaire pour décrire les manières d'affronter le virus? Faut-il vraiment désigner comme « négationnistes » les propos qui remettent en cause sa dangerosité? En particulier, après l'avoir applaudi aux balcons, est-il judicieux d'évoquer un prétendu « absentéisme » du personnel soignant?
L'un des aspects les plus déroutants de la gestion de la pandémie en Suisse, c'est l'absence de mémoire d'une vague à l'autre, d'un automne à l'autre. Mais ce n'est pas le seul. Une fois sortis de cette pandémie, nous devrons nous demander dans quelle mesure elle a été le fruit d'une fatalité naturelle ou la conséquence de problèmes humains, d'une gestion collective pleine d'insuffisances.
Une nouvelle charge vient d'être publiée contre la Résistance en Haute-Savoie, signée de son habituel contempteur qui s'enfonce dans la caricature et la plus malsaine des réécritures du passé. Plus grave encore, ces propos funestes sont publiés dans un ouvrage scientifique collectif dans lequel ils détonnent singulièrement.