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La patrouille de la réalité. Elle tourne autour de chaque rêve. Petit ou grand. Prête à contrôler l’être rêvant. Lui rappeler que l’excès de rêve peut-être un délit. Le ramener à la réalité. L’empêcher par tout moyen de rêver. Lui renfoncer dans le crâne que le principe de réalité a toujours le dernier mot. Rajouter que tout est pourri. Et l’espèce humaine la pire espèce
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Baiser-réveil sur le front de la petite fille. La bouche de sa mère. Réveille-toi, ma chérie. Lèvres du père au même endroit. Faut te lever. Elle ouvre les paupières.Tu n’oublieras pas d’éteindre la veilleuse. Ses parents sortent de sa chambre. Elle s’étire sous la couette. Regard ensommeillé au plafond. Elles sont là. Présentes en toutes saisons. Sourire aux étoiles. Rassurée.
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Tu vas où? Il esquissait un sourire.Je vais me quitter.Et il s’éloignait, un cahier d'écolier roulé à la main..Quand je buvais,je voyais le monde en couleur.Plein de chaînes à disposition.Tout était vachement beau.Même les cons.À l’époque, j’avais de l’espoir. Plein les poches,les yeux,les mains…Tellement d’espoir que je pouvais en distribuer aux autres. Et il y en a un paquet sans.
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Le bonheur dans la vitrine est un leurre. Très facile à dire quand on y a accès. Suffit de dégainer une petite carte. Une poignée de secondes avant de mettre la main dessus. Un bonheur sans contact rêvé par la majorité des Terriens. À l’autre bout de globe ou à son coin de rue. Sous son toit. Combien d’habitants de la planète pas encore nourris aux images des écrans ?
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Tourner en orbite autour de son enfance. C’est la trajectoire de chaque individu. En orbite solitaire.On finit toujours par y revenir. Dans quel but ?Pour replonger dans de bons moments. Feuilleter un album de joyeux instants. Ou au contraire, aimanté par une souffrance passée. En orbite blessée. Entailles ou blessures profondes.
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Soleil de 23 ans. Le même âge que son siècle.Elle avait un ciel devant elle.Celui qu’une petite fille regardait parfois la nuit.Assise dans l'herbe ou sur le sable en quête d’une étoile filante ou non.Depuis la nuit des temps,on se tourne vers le ciel.Pour se poser des questions,prier,gueuler,rêver…Un ciel dans lequel se reflétait son visage.Celui de l'humanité.
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Le monde est un barbecue. Avec huit milliards de chairs humaines confinées sur le gril planétaire. Avec bien sûr comme accompagnement la faune et la flore. Pendant ce temps-là, d’autres menaces à ras du sol.Pathétique agitation mortifère. Alors que personne n’en sortira vivant. Même les plus nantis. L’humanité entière cramée sur le barbecue en orbite.
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Accrochée à un rêve dégringolé. Elle n’a plus que ça pour ne pas sombrer, rajoute B. Je pose un regard étonné sur lui. Première fois qu’il me parle de V. D’habitude, il évoque H, le copain de V. Prise de conscience à 65 ans de la souffrance des ombres. Toutes ces femmes servant de régisseuses. Juste là pour faire le service et s’assurer que tout va bien. Des milliards de régisseuses
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Soixante ans et une valise. Sa manière de se présenter. Avec un sourire en coin. Son épouse avait une dizaine d’années de moins que lui. Un beau couple. Elle prof, lui architecte. À l’époque, ils fuyaient le régime du Shah d'Iran. Autre temps, autre fuite.Leur sourire réflexe ne pouvait cacher la nuit des yeux. Double regard très sombre. Surtout elle. Inconsolable.
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Briller comme un lampadaire. Elle y est parvenue. Bardée de diplômes et occupant un très haut poste. Une femme écoutée, applaudie, enviée, respectée, admirée, etc. En plus donnée en exemple car née sans carnet d’adresses. Un parcours parfait de battante. Sans oublier une jolie vie de famille. A 37 ans, elle a tout réussi. Sa réussite en vitrine.