-
Racisé. Étrange terme. Racisé comme une sorte de handicap à vie ? Une affichette collée sur sa face, jusqu’à son dernier souffle ? Mohamed Djoubar Né racisé à Ivry, mort racisé à Dublin. Étiqueté de la naissance à la mort. Contraint à endosser ce rôle. Non. Une auto-stigmatisation ?
-
Quarante-quatre ans aujourd’hui. Un 23 mars du siècle dernier. Les silences de l'ombre au cœur de la Ville Lumière. Des mots gravés à jamais dans les regards et les fumigènes. Manifestante dans les rues de Paris? Qu’est-elle devenue? Et son compagnon? Encore vivants? Toujours ensemble? Séparés? Morts ? Veuve ? Veuf ? Leur histoire submergée à distance. Des corps noyés sous des chiffres.
-
École un jour sur deux. Son frère a ouvert des yeux ronds. Stupéfait de sa proposition. Impossible que ça marche, a-t-il répondu. Comment tu le sais puisqu'on a pas essayé ? L’enseignant a été surpris. Après une hésitation, il a accepté. Mais à la seule condition que le nom de son frère n’apparaisse pas. Peu mieux faire mon écolier clandestin, sourit l’enseignant. Toute une classe complice.
-
La seule expression vraiment de lui. Ses mots. Copyright Papa. Ses autres propos auraient pu sortir de n’importe quelle autre bouche : les phrases du quotidien.J’aurais voulu qu’il me dise autre chose, ne serait-ce qu’une autre formule pour changer. Aujourd’hui, sa voix monocorde disant, «j’attends le silence des gestes » me manque. Mon seul héritage. Avec la joie de ma star.
-
La foule est volage. Capable de passer d'une voix à l(autre. Des followers de bitume. Souvent derrière la dernière voix qui a parlé en dernier. Des oreilles aimantées. Surtout si la voix propose des mots faciles à comprendre. Effaçant tout doute ou interrogation. Suffit de se laisser glisser. Juste dire oui. Suivre. Pour le meilleur et le pire de la rue.
-
Rien à faire. Il se sent pas assez. Pourtant très brillant. Mais lucide sur sa position sous le ciel. Un lampadaire ne brille pas très loin. Juste un carré de rue, d’avenue, de square... Il a d’autres ambitions que de briller. Même s’il en a rêvé. Quelle est sa plus grande ambition ? D’éclairer tout un pays.Impossible pour un lampadaire. C’est là où le bât blesse. Surtout son amour-propre.
-
Génération vapoteuse.Des grappes de jeunes à l’allure de vieux sages tirant sur une «bouffarde électronique». Une jeunesse parfois très remontée contre les générations précédentes. Les Soixante-huitard dans le collimateur. Ils en prennent plein la gueule. Mais nous aussi les Quatre vingtard.
-
Le nombre de gestes depuis la naissance de l’humanité. C’était le genre de questions que je me posais gosse. Guère un hasard si ma question d’enfance est remontée à la surface. Le sujet du travail et de la retraite occupant beaucoup l’espace. Combien de gestes dans une carrière professionnelle ?
-
Tendre la main à la poésie. Des voix affirment qu’elle serait en grand danger. Surtout depuis l'arrivée d'une nouvelle application tueuse de poésie. Réalité ou enterrement récurrent de la poésie ? Une chose reste sûre: la poésie nous relève souvent. Elle nous tient debout. De l’enfance au seuil de la mort. Jamais très loin de soi. La poésie sous toutes ses formes.
-
Une poignée de mots lus peuvent lancer l'écriture d'un texte. En l’occurrence, ceux d’un chanteur. « Qu'importe ma vie ! Je veux seulement qu'elle reste jusqu'au bout fidèle à l'enfant que j'étais. ». À mon avis, deux phrases meilleures que tous les discours de politiques, journalistes, sociologues, philosophes, artistes… À peine commencé, déjà un raccourci. Pourquoi meilleur ?