Si l'opinion est un enjeu décisif dans la bataille en cours à la SNCF, on a peut-être un peu vite oublié que l'encadrement cheminot est lui aussi au centre des manœuvres et des coups bas de la direction. Littéralement pris entre rail et roue (à défaut de marteau et enclume), Guillaume Pépy entend se servir d'eux pour mater les grévistes et briser leur mouvement.
C'est bien la bataille de l'opinion que le chef de l'Etat et son gouvernement ont peur de perdre. Depuis des semaines ils assènent demi-vérités, vrais mensonges, chiffres pipeautés ou exagérés pour creuser entre l'opinion et les cheminots un fossé d'incompréhension et de rejet.
Cette simple évidence porteuse d'espoirs et de lucidité aura été le fil conducteur des quatre jours du 18ème congrès de la CGT des ingénieurs cadres et techniciens à Perpignan la semaine dernière.
Sans s'emballer ni prendre sa vessie pour une lanterne, on peut tout de même constater et aussi s'en réjouir que le gouvernement n'est plus tout à fait maître du calendrier social.
Il était inconcevable que le gouvernement ne s'exprime pas en ce 8 mars si particulier, et incontestablement, les mobilisations répétées des organisations syndicales et féministes l'ont contraint à des annonces.
En accélérant le calendrier de ses réformes, Emmanuel Macron compte, -hélas avec quelque succès comme on l'a vu pour la réforme du Code du travail- sur l'effet de sidération, sur les divergences entre organisations syndicales et sur l'exacerbation des divisions et sur l'état des partis de l'opposition de gauche.
C'est ce lundi que le Premier ministre doit annoncer son plan de marche pour réformer le secteur ferroviaire. Il a eu le temps de jauger les réactions d'hostilité, tant sur le fond que sur la forme dix jours après la publication du rapport Spinetta qui a déclenché l'ire des syndicats et la colère des élus locaux.
On avait déjà de sérieux doutes quant à la modernité politique du chef de l'Etat qui s'est pourtant fait élire avec un discours « disruptif » comme on dit en « novlangue ».
A peine entamée, l'année 2018 ne s'annonce pas comme un long fleuve tranquille. Ces premières semaines ont déjà été marquées par des conflits et des mobilisations qui ne laissent pas les Français insensibles.
Des arrêts de travail massifs et inter-catégoriels, des manifestations, des rassemblements devant les agences régionales de santé ont marqué la première journée nationale d'action unitaire des personnels des Ehpad le 30 janvier. Le mouvement a été très suivi, en dépit des évidentes difficultés que ces salariés éprouvent à ne pas laisser les résidents sans soins.