Elle a effectivement mis en place une circulaire qui a eu son temps de célébrité, dans un contexte historique particulier, pour s’attaquer à une certaine « culture de l’étouffement » en matière d’agressions sexuelles à l’Ecole. S‘attaquer personnellement à elle pour tenter de se défausser en dit long sur ce que François Bayrou est capable de faire dans sa situation.
C’est ce qu’a proposé la nouvelle ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne le 15 janvier dernier, avec semble-t-il le soutien réitéré dimanche dernier du président de la République Emmanuel Macron. Mais dans notre période de montée des températures, cela peut-il vraiment tenir la route ? Retour sur un historique significatif.
Claude Allègre est parti de ce monde. Il avait été obligé de partir du gouvernement (pour ne plus jamais y revenir) à la suite de journées de grèves puissantes où le taux de grévistes déclarés par le ministère a atteint le sommet de 68 % le 16 mars 2000, jamais égalé sous la cinquième République selon les taux officiels.
En une vingtaine d’années pour l’une et une dizaine pour l’autre, la nomination à la tête du ministère de l’Education nationale d’une personne ayant fait ses études dans le privé ou du genre féminin n’a plus constitué une surprise. Il n’en va pas de même pour le va-et-vient inversé de Premier ministre vers celui de ministre de l’Education nationale.
Gloire au « pauvre Péguy » : c'est ce que réussit avec talent et justesse Jean-Michel Wavelet dans son dernier ouvrage : « Charles Péguy, le rempailleur de textes ». On sera plus réservé sur la glorification de l’aphorisme prononcé par Péguy en 1913 valorisant : « les hussards noirs de la République » (en prenant en considération la « noirceur » de leur devenir).
Le ministre délégué à la ‘’réussite scolaire’’ s’en est pris au projet de programme d’éducation à la vie sexuelle en prétendant qu’il incluait la ‘’théorie du genre’’, ce qui n’est nullement avéré. Mais en l’occurrence, c’est ‘’naturellement ‘’que ‘’la nature’’ a bon dos. Et cela vient de loin et a des racines très ‘’historiques’’ tenaces.
Pour faire pièce à ce qu’on appelle le ‘’roman national » très prisé en particulier par l’extrême-droite mais pas seulement , Laurence De Cock en est venue à penser qu’on ne pouvait se contenter de ‘’déconstruire’’ ce roman par des références savantes, mais qu’il était nécessaire de mettre en forme des contre-propositions effectives, une « Histoire de France populaire » sous la forme d’un récit.
Anne Gentenet ne s’est pas limitée à tenter d’apparaître comme non étrangère au monde de l’Ecole en se présentant comme appartenant à toute une lignée de membres de l’enseignement, elle a tenu à la magnifier ostensiblement en féminisant l’expression qui se veut gratifiante d’« hussards de la République »
C’est seulement sous la troisième République qu’il y a eu jusqu’alors des ministres médecins de l’Instruction publique ou de l’Education nationale, à la durée d’exercice fort limité. Combes : 6 mois, Augagneur : 1 mois et demi ; Durand : 9 jours et Macombes : 6 jours…
Jusqu’alors, il s’agissait toujours d’un agrégé lorsqu’un professeur était nommé ministre de l’EN. Ce serait donc une première qu’Annie Genevard soit nommée à cette responsabilité. Avec une orientation fort droitière. Mais là ce ne serait pas une surprise, car elle était en 2° position dans le parti alors dirigé par Eric Ciotti : un entre-deux entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.