« Nous voulons des livres, des films qui agissent sur nous comme des corps, mille fois mieux que des corps, comme des corps vivants. » (Alban Lefranc)
« Plus on s'affronte à une construction1
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littéraire, plus on peut déplacer les perceptions courantes, les manières de voir, et plus les conséquences sont politiques. » (Édouard Louis, à propos d'En finir avec Eddy Bellegueule)
« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. » (Marguerite Duras)
Voire, de Maël Guesdon, présente une poésie que l’on pourrait qualifier de « poésie de la poésie ». Le sujet de cette poésie serait elle-même, l’expérience de la poésie. Par cette ouverture de la poésie d’abord à soi, dans ce livre, la poésie est aussi ouverture à autre chose que soi, ne se dissociant pas d’un dehors qu’elle implique. L’expérience de la poésie est en même temps une expérience du monde, de la pensée, du corps, du langage, mais en rapport avec une altérité par laquelle ils deviennent toujours autres.
Le mal et autres passions obscures, de Jean-Clet Martin, est un livre d’éthique où, paradoxalement, ce ne sont pas le bien ou le bonheur qui sont recherchés, mais le mal. Le mal est ici valorisé, il se voit même attribué la plus haute valeur.
« Tout ici semble écrit dans le langage d’un vent de dégel », s’exclamait impétueusement Nietzsche dans sa préface au Gai Savoir en une formule qui pourrait servir de préambule et de guide idéal à la lecture de Fraudeur et À la cyprine d’Eugène Savitzkaya. – Lecture de Johan Faerber.
Salle des machines, de Jean-Michel Espitallier, rassemble trois titres de l’auteur déjà publiés ainsi que divers textes épars. Ce livre pourrait donc se lire comme une sorte d’auto-anthologie.
On croit tout savoir de l’idéologie nazie et, par exemple, de son racisme obtus mais, excellent spécialiste du domaine, Johann Chapoutot nous détrompe. C’est que l’historien s’est plongé dans des textes d’époque parus en Allemagne entre 1920 et 1945 pour en tirer une construction des plus cohérente.
On pourrait être entre un Etat des sentiments à l’âge adulte et un Autoportrait bleu, titres des deux précédents livres de Noémi Lefebvre. On est en tout cas dans un flux de conscience, celui d’une femme, Martine, qui reste couchée « comme ça », chez sa mère, « sans rien faire, dans un retrait favorable à la contemplation ».
« Attention, lectrice ou lecteur, l’objet qui est à présent entre tes mains appartient à cette infime minorité de livres capables, une fois qu’on les a lus, non seulement d’influer sur la suite de notre existence, mais de modifier rétrospectivement ce qu’on pensait avoir vécu avant de les avoir lus ».
Le nouveau roman de Belinda Cannone décline sous forme narrative les idées de son récent petit essai sur le désir, c’est donc quelque peu un roman philosophique. C’est pourquoi aussi, malgré son sujet, les personnages et l’histoire manquent tant de chair – le narrateur et son amante ne sont pas un homme et une femme, mais des corps-esprits… –, alors que l’écriture est vive, légère et emporte bien souvent le lecteur.
Susan Sontag fut dans le dernier tiers du XXe siècle l’intellectuelle la plus en vogue des États-Unis. Née à New York en 1933, elle y mourut en 2004 d’une leucémie. Elle fut pourtant enterrée au cimetière Montparnasse tant était grand son attachement à Paris, où elle avait de nombreux amis, de la comédienne Nicole Stéphane au sémiologue Roland Barthes.